Décrypter l’intelligence vivante de l’émotion

Auteur/autrice : Catherine Aimelet-Perissol

L’expérience du temps

L’émotion nous fait vivre une expérience singulière autant qu’universelle :  un état modifié de temporalité.

Un état d’urgence s’est déclaré en soi et impose sa loi de survie.
Un emballement tant physiologique que comportemental et cognitif, fait de mouvements, de choix, de ressentis et d’idéaux, de paroles et violence, à des degrés divers et des registres culturels variés certes mais communs aux humains que nous sommes. 

Quelque chose de plus fort que soit s’impose à soi et notre rapport au temps s’en trouve bouleversé. Fi alors de nos apprentissages et de nos bonnes résolutions !
Nous nous mettons à l’unisson d’une temporalité qui nous est propre et étrangère à la fois.

Comment est-il possible d’être à ce point hors de soi, redevenu enfant soumis pour certains, éructant de rage pour d’autres ou dans une mauvaise foi criante…
Hors de soi et si intimement soi en train de ruminer et de s’imaginer autre enfin. Quand la tempête s’apaise, nous tentons d’analyser le phénomène pour y trouver du sens : la faute à l’autre qui nous a mis dans cet état, la faute à soi qui aurait dû prendre du recul.
Donner du sens, c’est alors trouver le fautif, ce qui s’avère un ersatz d’apaisement… jusqu’à la prochaine crise.

Mais prenons un peu de temps pour considérer ce phénomène de rupture temporelle et ce qu’il contient comme nécessité existentielle.

Toute réaction, tout comportement répondent à la tendance naturelle et automatique du maintien de la vie, car c’est cela être vivant selon la loi biologique de l’homéostasie. Ainsi, vivre c’est être naturellement soumis au diktat de la temporalité, c’est-à-dire de notre capacité à durer dans le temps. L’expérience du temps est donc l’expérience du délai et de l’attente.

Comment se traduit cette capacité ? Par ce qui définit notre désir : l’attente de quelque chose de soi, de l’autre, des autres, de la société.  Comme on attend de la voiture que l’on utilise pour rejoindre notre lieu de vie ou de travail qu’elle fonctionne bien.

De la même manière que le corps tend à réagir dans l’urgence corporelle pour garantir la survie, l’esprit attend, de lui-même et de son environnement de recevoir de quoi prolonger la vie. Nous reconnaissons là le désir.
En tout état de cause, il s’agit de tenir et de tenir bon. Et, en toute bonne foi, de s’en donner les moyens quel qu’en soit le prix.

C’est ainsi que se rejoignent des notions distinctes mais profondément reliées, celles du désir, du temps, de la conscience et de l’attente. Nous sommes des vivants qui attendons.
Il s’agit là d’une loi biologique, racine de notre vie psychique. Une solution de la vie pour elle-même et non un problème à traiter et une invitation à apprendre plutôt que consommer. Car, comme le rappelait Marguerite Yourcenar, « La seule chose pour les turbulences de l’esprit, c’est apprendre. C’est la seule chose qui n’échoue jamais »

Catherine Aimelet-Perissol

Image de Myriams-Fotos par Pixabay

Ode au corps-esprit

Les connaissances transmises par le cursus en Logique émotionnelle vont au-delà d’une compréhension intellectuelle des mécanismes tant biologiques que cognitifs. Elles orientent notre attention vers un étonnement et une curiosité qui associent vitalité et humilité.
Notre rapport à nous-même s’en trouve renouvelé.
Nous sommes « tout ça et rien que ça ! ».

Observer la vie à l’œuvre dans ses différentes manifestations, c’est se responsabiliser vis-à-vis de la façon dont nous y répondons.
Découvrir comment le système émotionnel inspire la vie en soi, à la croisée des chemins du corps et de l’esprit, de la survie à la conscience d’exister, c’est s’ouvrir à son existence et celles des autres.

Nous sommes tant habitués à utiliser efficacement notre corps-esprit !
A vouloir de lui, parfois du silence (celui des organes ou même de nos pensées), parfois de la créativité (idéalement exceptionnelle), mais toujours de l’énergie tel un véhicule. Rien d’étonnant à ce que nous attendions des autres parfois de la sécurité, parfois de la reconnaissance puisque c’est cela que nous attendons de ce corps-esprit. Sans nous rendre compte que nous réduisons ainsi le temps accordé à goûter, observer et accompagner la vie en soi, avant tout jugement.

La Logique Emotionnelle nous éclaire : moins nous portons attention au mouvement de la vie et à ses polarités corps-esprit, plus nous projetons et attendons des autres qu’ils nous comblent. En toute bonne foi !

Nous accusons volontiers la société de s’être accélérée et d’être toujours plus exigeante et oublions que c’est à nous de faire société selon notre nature
Une nature largement composé d’invariants, c’est-à-dire de lois biologiques qui toutes concourent à maintenir et rétablir la vie du corps, voire la survie par des mécanismes défensifs.
Une nature qui s’étend en miroir dans des cultures qui tendent aussi à maintenir et rétablir la vie sociale et psychique.

Les cultures elles, varient mais tendent à s’extraire de la part corporelle, à éviter notre sensorialité, nos mémoires corporelles et des automatismes défensifs au profit d’une idéalisation cognitive avide de pouvoir s’autonomiser vis-à-vis de notre matière !

Exercer notre curiosité et porter notre attention pour reconnaitre comment la vie du corps s’étend dans celle de l’esprit ou comment la vie de l’esprit, dans sa conscience, ses attentes et ses désirs brode à partir des fils de la vie du corps.

Il existe de multiples façons de broder, de multiples modèles qui, tous, tissent avec les mêmes fils corporels.
La tentation de s’extraire du corps vivant (comme nous nous sommes extraits de celui de notre mère) est un rêve éveillé dont nous ne voulons pas être réveillés.

La Logique de nos Emotions offre une lecture courageuse de cette alliance corps-esprit. A éprouver de préférence avant que le corps ne nous impose le réveil…

Texte de Catherine A Perissol

Photo de janka00simka0

Un désir fou d’être en lien

Entendre un proche, qu’il fasse parti de son entourage familial, amical ou professionnel, exprimer un ressenti de manque de lien est sûrement familier au lecteur.

Les mots qui racontent l’absence, la distance de l’autre ? Jamais là, trop occupé, égoïste, distant, pas assez attentionné, lointain, froid…

Les mots qui racontent le ressenti ? Abandonné, seul, inexistant, oublié, inintéressant, mort, exclu, perdu…

Aucun doute à avoir ! A écouter ces mots, l’humain est un animal social et il apparait évident nous avons toutes et tous besoin de lien.

Mais de quoi parlons-nous plus précisément quand nous réclamons du lien ou ressentons son absence ? Nous sommes évidemment tentés d’en chercher les causes dans quelques souvenirs passés de nos rapports aux autres, même si nous avons compris que nos souvenirs sont remaniés, fictionnés au fil du temps et de l’usage que nous en faisons. N’empêche, nous sommes accrochés au lien comme une nécessité vitale. Normal du point de vue de la mémoire de survie du nourrisson que nous avons été. Démesure du point de vue de l’adaptabilité de l’être en vie que nous sommes et de sa croissance.

Et si nous laissions parler la logique de nos émotions pour nous guider, telle une boussole pour donner un sens vivant à ce désir ?

Un constat d’abord : ce désir de lien est fondé sur l’expérience de vie et donc il est inhérent à l’existence même : nous sommes vivants du fait d’avoir expérimenté un lien, charnel durant 9 mois de gestation, nutritionnel et relationnel doté d’affection le plus souvent mais pas toujours, puis social. Nous empilons donc dans nos mémoires ces expériences, pour le meilleur que nous désirons conserver, pour le pire que nous désirons fuir ou contrôler et qu’à défaut, nous subissons.

Le lien existe. Comment il existe dans nos mémoires, nos habitudes et, à partir d’elles, dans nos ressentis constitue notre histoire et participe à notre sécurité intérieure comme à notre identité.

Contraint d’être en lien par notre nature même, structurelle, mémorielle, affective et sociale, comment faire bon usage des ressentis de manque et ressentiment ? Comment cette connaissance nous aide-t-elle de traverser les épreuves de la distance ou de la séparation ? C’est là que la boussole émotionnelle va nous aider.

En tout premier lieu, elle nous responsabilise sur le sens, la fonction des ressentis : la douleur éprouvée -le manque- nous signale un comportement inadapté pour répondre au désir d’exister en relation-lien- avec l’autre. Cet autre présent ou absent. A nous de prendre notre courage à deux mains pour nous rapprocher du « comment je fais lien ? »

Est-ce que je le vérifie ? je le contrôle ? je l’entretiens à tout prix ? j’attends de recevoir ? j’explique à l’autre mon besoin de lien ? je fuis dans l’espoir d’être suivi ? je me torture l’esprit à chercher pourquoi l’autre n’est pas plus en lien ?

Autant d’habitudes qui tendent à défendre le lien ou s’en défendre, au risque d’entretenir le ressenti de manque, et ajoutent à l’émotion primale, de peur colère tristesse, des sentiments de culpabilité, d’angoisse ou de violence puisque tel est le mécanisme bio-cognitif à l’œuvre chez chacun.

Et si nous ajoutions un petit pas de côté à ce que nous faisons ? Si nous remplacions le terme lien par celui de relation ? Car si le lien est biologique, la relation, elle, se cultive. Qu’est-ce qui me relie à l’autre ? Comment je me relie déjà à lui qui me donne un ressenti sur la nature de ma relation ? De quoi suis-je responsable dans ce rapport à autrui si ce n’est déjà de ce que je donne ?

« Sans doute, l’avez-vous remarqué : notre attente -d’un amour, d’un printemps, d’un repos- est toujours comblé par surprise ». Christian Bobin, poète et romancier

Le poète a ceci de merveilleux : il trouve les mots qui ouvrent l’espace d’une expérience indicible ou que, jusqu’alors nous n’avions pas su nommer.

Pour nous, défricheurs du système émotionnel pour lesquels la biologie est le langage du vivant, l’émotion ouvre aussi l’espace d’une expérience sensorielle, intime, vibrante d’un instant court de perte de stabilité face à un événement qui dérange notre ordre, attendu et anticipé de certitudes. Si nous négligeons cette expérience corporelle, elle prend le pouvoir sur notre conscience et s’impose dans l’agitation, les cris ou le silence, avant de se prolonger dans le temps dans des habitudes et de générer force ressentis et projections dans un futur nourri de passé. Criante ou subie dans le silence, l’émotion déjoue nos attentes et nous comble par surprise. Comme si elle savait mieux que nous l’orientation de notre existence.

Le poète, comme l’écoutant en Logique Emotionnelle, est celui qui aime les surprises, celles qui saisissent le corps pour le rendre plus sensible, plus malléable, plus accueillant envers sa propre capacité adaptative et sa croissance. Plus accueillant ainsi envers les autres et un monde en transformation par nature.

Le poète, comme l’écoutant, se fie au langage comme à un ruisseau qui court : il suit le sentier car celui-ci, sans vraiment savoir où il va, sait pourtant le chemin vers l’existence. Même si, bien souvent, la voie tortueuse est semée d’embûches et l’énergie à fournir démesurée.

Le bon sens de l’émotion, dans son langage vibrant de désir d’existence tant physique que cognitif, est doté de capacités adaptatives stupéfiantes : savoir, enfin, le langage de l’émotion nous fait prendre le risque d’être comblé… par surprise. Comme inspiré.

« Ne rien prévoir, sinon l’imprévisible, ne rien attendre sinon l’inattendu » Du même auteur dans le même ouvrage.

« Découvrir et décrypter comment l’émotion vient au cerveau… »

Quel est l’intérêt de connaitre le fonctionnement du cerveau émotionnel et la biologie relationnelle ? Qu’aurions-nous de plus à connaitre le langage de la vie (bio-logie) grâce auquel nous sommes en relation avec soi, avec le monde et les autres ?

Après tout, à part quelques passionnés de mécanique, nul n’a besoin de savoir comment fonctionne sa voiture… tant qu’elle fonctionne dès l’allumage et roule vers notre destination sans ambages. Évidemment, si un voyant lumineux rouge s’allume sur le tableau de bord, ou que le véhicule refuse de démarrer, c’est une tout autre histoire !

Il en est de même pour notre cerveau. Tant qu’il répond à la satisfaction de nos besoins de nous sentir vivant et satisfait, quel intérêt y aurait-il à en connaitre le fonctionnement ? Aucun. Tant que notre attention peut se fixer sur des objectifs de gratifications, qu’importe les voies neuronales empruntées. Tant que nous ressentons notre existence dans sa robustesse et sa valeur, la vie est belle !

Là où l’affaire se corse, c’est quand nous souffrons d’émotions : la peur, la colère, la tristesse ou même l’excitation de la joie sont des expériences qui vont jusqu’à la douleur dite alors psychique. Nous jugeons alors notre cerveau d’en faire trop ou pas assez ou de faire mal. Nous sommes automatiquement tentés d’en chercher la cause soit venant de l’extérieur (les autres, la situation), soit venant de l’intérieur (via des jugements sur soi-même). Nous agissons dans l’urgence, par le raisonnement, le contrôle, le divertissement, les compléments chimiques ou encore la recherche d’autres informations pour que notre cerveau s’apaise et retrouve un équilibre. Et nous avec.

C’est là que la connaissance de son fonctionnement peut s’avérer cruciale.

Venez découvrir le monde vivant de votre cerveau dans les soirées animées des Cafés Emotions !  

L’émotion, une boussole…

Une boussole pour désirer agir librement dans les transformations écologiques !

Voilà bien un paradoxe tant l’émotion est encore considérée comme la conséquence de circonstances extérieures, relationnelles ou environnementales, nous imposant un ressenti négatif ou positif. Une évidence pour la plupart.

Et qu’importent les découvertes en neurosciences qui révèlent l’insuffisance de cette approche qui peine à s’inscrire dans nos actions tant est grand notre attachement à cette évidence qui associe émotion et affectivité. Nous continuons à penser la prééminence du psychisme sur la matière corporelle, réceptacle devenu passif de la qualité, positive ou négative, de notre affectivité.

Néanmoins, cette approche gagne petit à petit du terrain dans le champ de nos connaissances,

Quand nous sortons de cette vision culturelle et néanmoins erronée, c’est bien souvent pour projeter sur la dite science des capacités à nous sauver de notre mal-être : les techniques vont nous soulager de nous-mêmes, pauvres humains égarés que nous serions !

Or, l’émotion est bel et bien une boussole. Cette métaphore illustre que l’émotion est le témoin d’une expérience de perte sensorielle quand certaines situations résonnent en nous telle une perte de sécurité dans la peur, d’identité dans la colère ou de sens dans la tristesse, mais aussi comme une perte de limite dans la joie.

Nous disons alors de nous « je suis perdu(e) ». Pas étonnant que nous restions si attachés, par habitudes et ignorance, à ceux – ou à ce- qui pourvoient dans l’urgence à nos besoins.

Comment fonctionne la boussole ? L’une des aiguilles, le plus souvent rouge (cette couleur attire automatiquement notre attention) est aimantée. Comme les aimants s’attirent, cette aiguille se place dans le même sens que le champ magnétique de la Terre. Elle montre ainsi toujours la direction du nord. Cette indication oriente notre attention vers quoi tend notre existence dans la situation présente et non sur comment agir.

Le nord nous rappelle l’invariant biologique qui régit la vie, le besoin d’équilibre en mouvement qui garantit l’existence dans la situation dans laquelle nous nous sentons perdus. Ne dit rien du quoi faire. Dans cet espace, se situe notre liberté !

La tentation est bien sûr de retrouver le chemin le plus connu : il nous est familier, il est le plus automatique, voire le plus facile. Ce sont nos habitudes d’actions comme de pensées, celles que nous savons justifier et qui répond, dans l’urgence et en toute bonne foi le plus souvent, à nous « sauver la mise ».

La boussole émotionnelle, en indiquant le nord, se contente de nous informer sur un seul point : notre désir d’exister. C’est tout ? Oui. Nous pouvons nous en émerveiller comme nous savons le faire quand on nous raconte le savoir-faire automatique chez les oiseaux migrateurs.

L’émotion nous oriente sur la valeur de notre présence au monde, sur l’importance d’habiter notre être, notre vie telle qu’elle est en conscience plutôt que de subir notre sort, tenter de lui échapper ou de le contrôler, de nous y accorder. Cette orientation nous offre la liberté. En conscience de la valeur très biologique de notre existence. 

C’est là que nous retrouvons la fameuse é-motion ou e(x)-motion qui nous presse de sortir de nos habitudes automatiques, de nous mouvoir hors d’elles. Exister, c’est plus que vivre, c’est se redresser et agir en conscience de cet aimant terrestre et non hors de lui.

Là est le lien entre boussole et liberté, boussole et transformation, boussole et écologie!

La liberté demeure un idéal tant que nous rêvons de nous libérer de notre réalité biologique. Mais en nous alignant au caractère invariant de notre boussole existentielle, elle se réalise ou plutôt, nous ressentons son goût.

La transformation de soi et autour de soi demeurent des mots et des injonctions tant que nous projetons sur l’extérieur ce qui devrait changer. En alignant nos attitudes sur la valeur vivante du don (je donne à l’autre ce que j’aimerais qu’il me donne), la transformation a lieu.

L’ écologique est vaine et reste une contrainte tant qu’elle est étrangère au désir d’existence.

La boussole nous appelle dans la reconnaissance de notre être vivant donc sensible. Non la sensibilité affective qui attend qu’on rassure, mais la sensibilité ou sensorialité liée au système vivant lui-même. N’en déplaise aux approches essentiellement psychologiques, l’émotion est un système qui à ce titre, se fonde sur la nature vivante, dotée de capacités auto-organisationnelles.

Plutôt que chercher à comprendre pourquoi l’autre, ou soi-même, se comporte comme il le fait, gardons à l’esprit que le vivant est orienté par un impératif thermodynamique (1) : dissiper le plus d’énergie possible ! Ce passage mental ramène notre attention sur la boussole terrestre et peut aider à désirer juste ce que nous pouvons faire librement dans les transformations écologiques qui sont déjà là.   

Catherine Aimelet-Perissol

(1) Lire RODDIER François Thermodynamique de l’évolution

« Vous parlez de biologie. Mais encore? »

Il est des mots qui sont tellement chargés de sens et de représentations variées que leur signification réelle se fond en elles. Leur polysémie, c’est-à-dire le caractère d’un mot qui possède plusieurs contenus, brouille l’écoute de son sens radical.

C’est sans doute ce qui se joue quand nous utilisons, lors de conférences ou de formations, le terme de biologie, mais aussi celui de corps.

Spontanément, la biologie est ainsi assimilée à la physiologie qui étudie les fonctions de chaque organe du corps. Quant à celui-ci, il est assimilé à cet espace sous la tête, sous le cerveau et soi-disant gouverné par lui.

Pourtant, quand nous, praticiens en logique émotionnelle, utilisons ces mots, ceux-ci ouvrent un espace de connaissance radicale, celui des racines qui constituent notre existence. Celui de notre Nature dans laquelle se déploie et s’organise nos Cultures.

Deux majuscules qui invitent à nous émerveiller du processus même de la vie.

Pratiquer la LE, c’est se souvenir à chaque instant de cette réalité qui nous constitue et c’est donc transmettre que nous sommes mus et émus du fait d’être biologique, et non un être biologique ! La biologie décrit, au mieux de nos capacités et de nos moyens techniques, la logique du vivant, le langage de la vie, en soi et dans nos relations avec notre environnement. Elle cherche à décrire les lois de la vie, ces invariants grâce auxquels nous sommes et demeurons en vie. Ce sont ces invariants qui, comme les lettres d’une langue, permettent d’écrire nos façons multiples d’exister, sur le court terme automatique, comme sur le long terme de nos mémoires. Quand tout va bien dans nos vies, ces lois nous plaisent, mais peuvent vite nous déplaire quand se manifestent des douleurs, physiques comme psychiques. Elles n’en demeurent pas moins des lois de la vie.

Quant à l’usage du terme « corps », juste un rappel de bon sens : la tête et son contenu, le cerveau, sont une partie du corps ! Le système nerveux se diffuse jusqu’au petit doigt des pieds. Au point même de ne plus se sentir que « doigt de pied » quand nous avons heurté celui-ci contre un objet plus solide que lui et que nous souffrons atrocement !

La vie répond à des impératifs pour demeurer. Des impératifs bien souvent contre-intuitifs, c’est-à-dire en désaccord avec l’expérience immédiate et intuitive, mêlée de biais cognitifs. Par exemple, nous interprétons ce que nous percevons et éprouvons de l’environnement sans réaliser l’élan vital qui nous anime. C’est toute l’importance des sciences dites dures, celles qui résistent à notre volonté que les choses soient selon ce qui nous arrangerait. 

Nous fondons notre écoute sur ces lois pour restituer le sens vivant de l’expérience.Nous tenons ce discours et faisons de notre mieux pour le transmettre alors que la plupart des personnes souhaiteraient entendre ce qui correspond justement à ce qui les arrangerait.

Mais nous tenons bon, car la liberté et la responsabilité se fondent en premier lieu sur la biologie du vivant avant de constituer des éléments psychiques et culturels.

Ces propos vous intriguent ? Venez nous rejoindre au module « Explorer les émotions avec les neurosciences » du 23 au 25 septembre 22

« C’est LE ou c’est pas LE ? » (*)

En tant que conceptrice de la Logique Émotionnelle, chaque fois que j’entends dire, autour de moi, les phrases comme « C’est LE » ou « C’est pas LE », mon processus émotionnel se met en action !!

Vous l’aurez compris, je me sens impactée !!

Évidemment, mue par mon désir d’existence, certaines fois je peux rester sans voix ; d’autres, prendre la parole pour rectifier le sens du propos (je me reconnais un goût certain pour avoir le dernier mot et je cherche alors à convaincre) ou encore m’éloigner mentalement et imaginer des moyens d’échapper à cette conversation ; Je me prends alors à rêver d’aller regarder pousser mes tomates… tomates que je n’ai toujours pas plantées ;0))

Heureusement, une fois passé le moment choc, la connaissance de la biologique m’invite à regarder au plus près ce qui se joue, non seulement dans ma réactivité, mais aussi dans ces phrases qui sont des évaluations binaires : «cest ou ce n’est pas LE », « tu es/ je suis LE » « Tu n’es pas/ je ne suis pas LE ».

Il s’agit en effet de s’approcher de ce qui s’exprime là, dans l’instant (tiens, un outil de la LE), et mieux voir ce qui se joue, dans les mots utilisés, formidables traducteurs de notre logique émotionnelle !

Alors, je peux distinguer que :

  • Dénoncer une parole négative comme « n’étant pas LE » est paradoxal  puisque c’est la forme négative qui est utilisée pour infirmer justement une forme négative! Et si vous faisiez l’exercice de mettre vos phrases à la forme affirmative (ni négatives ni positives), vous seriez étonnés de l’effet ressenti. Le plus souvent, comme un effet d’apaisement dû à la prise de contact avec le réel.
  • Affirmer à contrario que tel comportement « serait LE », comme si celle-ci définissait des normes et des règles à suivre, témoigne de la tentation totalisante et contrôlante que la LE, justement, permet de voir comme modèle défensif, voire offensif.
  • Pointer du doigt le raccourci de la logique psychique chez l’autre («c’est à cause de toi et de ton attitude que je suis mal ») témoigne autant de l’habitude comportementale de cet autre à éviter de se responsabiliser que de l’émotion sur l’instant de celui qui pointe de son doigt.

Aussi, nous sommes tous irrémédiablement LE, quel que soit ce que nous pensons et faisons ! Nous sommes tous mus et émus par notre biologie puisque nous répondons à l’élan vital du fait même d’être vivant et donc incarnés.

Tous « LE » sans le savoir, mais tellement plus présents en le sachant.

C’est en reconnaissant que nous sommes aussi « ça », mus et émus, que nous pouvons améliorer notre équilibre émotionnel, notre rapport à notre santé, notre aptitude à coopérer !!

Ni bien, ni mal. Nous dépendons de l’usage que nous faisons de notre matière vivante, de l’usage de notre boussole intérieure. La Bio-logique allie en effet notre besoin de survie dans un équilibre instable et notre désir d’avoir les moyens de garder celui-ci dans le temps.

C’est en cela que la LE est intégrative d’autres approches, sans avoir à en juger aucune.

« L’émoi, c’est tout dans la vie » disait Louis-Ferdinand Céline. La LE décrit imparfaitement les étapes et le sens vital de ce « tout » en mouvement. Si le plan -la cartographie- est imparfait, il est néanmoins bien pratique. A défaut de s’y référer, nous nous sentons perdus et tentés de chercher la cause de notre malheur du côté des autres ou de notre insuffisance. Biais d’attribution, disent les psychologues.

« La nature a horreur du non-sens » dit Lionel Naccache. Ceci posé, ayant redonné de la valeur biologique à cette confrontation de polarités identitaires, « les LE/ les pas LE », que puis-je ajouter ? (tiens, un autre outil LE !!)

Et si j’écrivais un clin d’oeil ?

Catherine Aimelet-Périssol

 (*) Logique Emotionnelle

Pour que 2022 soit une année nouvelle !

Et si nous ajoutions à l’expression automatique de nos sentiments sous forme de vœux, voire socialement obligatoire, un petit plus en lien avec le désir d’existence ?

Par exemple… Pour 2022, je vous souhaite de cultiver la joie de la Curiosité !

La curiosité était considérée autrefois comme un vilain défaut par l’adulte auquel l’enfant posait une question… à laquelle il préférait éviter de répondre.

La curiosité est pourtant le souci qui, par un retour de la pensée sur elle-même, questionne, interroge, pour dégager le chemin de la connaissance en deçà des habitudes et des réponses toutes faites. Et ce faisant, elle permet de retraiter nos habitudes — cognitives — et nos commentaires — automatiques — à l’aune de notre responsabilité.

La curiosité est un drôle de ressenti qui fait suite au soin que nous portons à notre existence et celle des autres et du monde, un sentiment d’ouverture qui commence par « c’est quoi ? ».

La curiosité invite à faire du neuf avec l’ancien : il suffirait de regarder le connu — l’habitude — comme si nous le voyions pour la première fois, avec étonnement. « Ah, c’est cela que je fais ? »

La curiosité, c’est chercher à croitre avec économie, à recycler l’énergie de l’agitation ou de la colère dans un acte choisi. De l’écologie appliquée.

La curiosité, c’est se retourner vers ce qui est à l’origine, la mémoire corporelle, pour y entendre la vitalité à l’œuvre. Sans jugement ni justification.

La curiosité, c’est ajouter de l’écoute quand on cherche à s’expliquer dans les justifications et de la parole quand on cherche à se cacher dans le silence.

La curiosité, c’est veiller à laisser de côté les tentations automatiques de la pensée vers « L’autre qui… » ou vers le « Je sais bien ! »

La curiosité est la source de la responsabilité !

Allez, je vous souhaite de renouveler votre année et d’être curieux !

Catherine Aimelet Perissol

Les émotions au cœur du vivant

Conférence de Catherine Aimelet-Perissol « Comprendre le rôle des émotions dans le parcours des patients » :

« Il n’y a pas de malade sans une histoire du malade ».

L’histoire du malade raconte comment la personne cherche, naturellement et automatiquement, à traverser les épreuves.

Éduquer une personne malade, c’est prendre appui sur ce qui est existe dans la personne avant même qu’elle ne soit malade ».

Institut de Logique Emotionnelle - 9 rue d'Avron 75020 Paris

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