Décrypter l’intelligence vivante de l’émotion

L’expérience du temps

L’émotion nous fait vivre une expérience singulière autant qu’universelle :  un état modifié de temporalité.

Un état d’urgence s’est déclaré en soi et impose sa loi de survie.
Un emballement tant physiologique que comportemental et cognitif, fait de mouvements, de choix, de ressentis et d’idéaux, de paroles et violence, à des degrés divers et des registres culturels variés certes mais communs aux humains que nous sommes. 

Quelque chose de plus fort que soit s’impose à soi et notre rapport au temps s’en trouve bouleversé. Fi alors de nos apprentissages et de nos bonnes résolutions !
Nous nous mettons à l’unisson d’une temporalité qui nous est propre et étrangère à la fois.

Comment est-il possible d’être à ce point hors de soi, redevenu enfant soumis pour certains, éructant de rage pour d’autres ou dans une mauvaise foi criante…
Hors de soi et si intimement soi en train de ruminer et de s’imaginer autre enfin. Quand la tempête s’apaise, nous tentons d’analyser le phénomène pour y trouver du sens : la faute à l’autre qui nous a mis dans cet état, la faute à soi qui aurait dû prendre du recul.
Donner du sens, c’est alors trouver le fautif, ce qui s’avère un ersatz d’apaisement… jusqu’à la prochaine crise.

Mais prenons un peu de temps pour considérer ce phénomène de rupture temporelle et ce qu’il contient comme nécessité existentielle.

Toute réaction, tout comportement répondent à la tendance naturelle et automatique du maintien de la vie, car c’est cela être vivant selon la loi biologique de l’homéostasie. Ainsi, vivre c’est être naturellement soumis au diktat de la temporalité, c’est-à-dire de notre capacité à durer dans le temps. L’expérience du temps est donc l’expérience du délai et de l’attente.

Comment se traduit cette capacité ? Par ce qui définit notre désir : l’attente de quelque chose de soi, de l’autre, des autres, de la société.  Comme on attend de la voiture que l’on utilise pour rejoindre notre lieu de vie ou de travail qu’elle fonctionne bien.

De la même manière que le corps tend à réagir dans l’urgence corporelle pour garantir la survie, l’esprit attend, de lui-même et de son environnement de recevoir de quoi prolonger la vie. Nous reconnaissons là le désir.
En tout état de cause, il s’agit de tenir et de tenir bon. Et, en toute bonne foi, de s’en donner les moyens quel qu’en soit le prix.

C’est ainsi que se rejoignent des notions distinctes mais profondément reliées, celles du désir, du temps, de la conscience et de l’attente. Nous sommes des vivants qui attendons.
Il s’agit là d’une loi biologique, racine de notre vie psychique. Une solution de la vie pour elle-même et non un problème à traiter et une invitation à apprendre plutôt que consommer. Car, comme le rappelait Marguerite Yourcenar, « La seule chose pour les turbulences de l’esprit, c’est apprendre. C’est la seule chose qui n’échoue jamais »

Catherine Aimelet-Perissol

Image de Myriams-Fotos par Pixabay

L’Institut vous présente ses meilleurs voeux pour 2024 et espère contribuer à réaliser les vôtres…

D’abord en invitant chacun à se rendre compte de ce qu’il fait déjà pour cela… de la manière dont chacun mobilise déjà ses propres capacités d’adaptation pour répondre à ses désirs.

Ensuite l’Institut affirme que prendre le temps d’éprouver, de connaître, de mesurer « sa » propre logique émotionnelle est en soi une contribution à ce qui nous anime.

Appuyons nous sur « Qui nous sommes ? » :  

« Le système émotionnel doit devenir une boussole pour accompagner les changements à venir, d’une ampleur considérable, dans nos cultures et dans nos habitudes… Pour habiter un monde vivable, en termes de coopération et de respect mutuel, nous pensons nécessaire d’apprendre à penser avec cet invariant majeur qui caractérise l’humain : son système émotionnel, en tant qu’il vise à survivre et à nous adapter. »

Voir le texte écrit collectivement début 2023 : https://www.logique-emotionnelle.com/qui-nous-sommes/

Parce que nous aimons partager, transmettre aux autres et approfondir nous mêmes la connaissance de la logique émotionnelle :

D’abord dans la continuité de la certification QualiOpi de notre organisme de formation, nous lançons de nouveaux parcours de formation cette année : 

  • fin janvier un parcours destiné aux managers pour reconnaître et entraîner ses compétences racines ;
  • et bientôt des parcours « art de vivre » et « acteur du soin ».

Si le coeur vous en dit pour aller plus loin https://www.logique-emotionnelle.com/formations-emotions/parcours-manager-reconnaitre-et-entrainer-ses-competences-racines/

Ensuite le 20 janvier chaque adhérent, ayant déjà suivi quelques stage ou formation, est le bienvenu à l’atelier de pratique d’approfondissement où nous parlerons notamment de ces compétences racines.

Enfin, j’en profite pour saluer dans cette dynamique de transmission les piliers de l’Institut qui continuent à la fois à oeuvrer à chaque fois que nécessaire et, dans plusieurs groupes de travail, sur des sujets éminemment importants, à passer la main librement à d’autres – dès que les appuis sont suffisamment sûrs.

Les piliers, ceux qui passent la main tout autant que ceux qui la prennent se reconnaitront ! Je salue aussi bien ceux qui persévèrent, comme les nouveaux inscrits aux parcours de formation. Tous contribuent à donner de la valeur à l’Institut et à nos rencontres.

Qui veut prendre place dans cette dynamique est la bienvenue ! Manifestez vous de la manière que vous préférez.

Merci.

Bonne année !

Usha F. Matisson

Président

Photo de Leighann Blackwood sur Unsplash

Serions-nous tous des mécréants ?

Y a-t-il quelque chose à vendre ?

Y a-t-il quelque chose à clamer ?

Que font-ils ces marchands du temple à l’ouvrage sur différents lieux et supports (journaux, livres, groupes, confréries, web) ? Ils vendent l’idée d’un état totalement soulagé de tout symptôme, de toute gêne ou de toute douleur. Du rêve, dans le domaine de la santé psychique ou physique.

Le marché de la psychologisation s’est largement développé favorisant un emballement de type encore « plus de santé », « plus de psy ». Jusqu’au goût pour la spiritualité, relié au désir de sens, lui-aussi devenu un marché : le business de la spiritualité est né et va jusqu’à se réclamer du vocable « ingénierie de la spiritualité »

Cela dit et en prenant un peu de recul sur l’humeur de ces commentaires, ce business est là depuis longtemps, depuis fort longtemps, depuis la nuit des temps. Serait-il alors lié à notre propre mode d’être humain ?

Comment la logique émotionnelle peut-elle éclairer ce processus qui va de la biologie évolutive à la création de la culture, celle du business notamment ?

Celui-ci se fabrique, ou plutôt, nous le fabriquons, autour des ressentiments : la souffrance, la peur, l’abus, la mort toujours possible, l’effondrement annoncé… Il surfe sur la montée d’une pression de performance. Le business s’autojustifie par la constatation de plus en plus de plaintes et d’anxiété…qu’il contribue lui-même à générer !

Mais, regardons plutôt la logique de nos émotions : plus nous cherchons à nous repérer aux seuls événements extérieurs, plus nous nous sentons perdus, plus nous cherchons à nous rassurer… et nous voilà à attribuer à toute sorte d’objet une valeur salvatrice : un autre, un animal, la nature, un gourou ou un « grand annonceur » de temps futur magique. Un sauveur, à la façon de l’enfant.

Quand toute son attention est orientée vers l’extérieur, l’humain se déboussole, s’agite, s’exacerbe, crie, à la recherche de la bonne personne, la bonne solution qui va enfin lui permettre de sortir de son état et de sa situation. Car, au nom de notre désir immanent de conservation et de croissance, nous cherchons à apaiser cette tension intérieure : nous passons d’une célébration à une autre…Halloween et Thanksgiving n’ont pas suffi à apaiser cette tension ? Ouf, Noël arrive ! En avant la réaction défensive de fuite, véritable solution à court terme qui peut devenir problème sur le long terme, entretenant des habitudes de contrôle et d’évitement propres à entretenir la peur….

La connaissance de la logique émotionnelle nous invite à faire un pas de côté : regarder le désir d’être vivant comme un moteur, observer ses habitudes de contrôle ou de fuite, toujours à la recherche de quoi se sentir exister, les reconnaitre sans les juger mais à l’aune de cette logique de vie qui nous anime !

Ecouter le bon sens de cette information présente, pour chacun, dans son intimité sensorielle, naître et renaitre à chaque respiration, à chaque instant dans notre base, notre bassin, notre sacrum (qui a donné naissance au terme « sacré ») pour que se déploie en conscience notre être tel qu’il est déjà avec tous ses potentiels, toutes ses capacités y compris… les plus défensives.

Un pas de côté vers soi, pour reconnaitre ce que nous sommes, des êtres vivants biologiques et de culture, comme des milliers d’autres de différentes espèces. Simplement.

Image par Gerd Altmann de Pixabay

Qu’est-ce qu’un PPLE  ?

Un PPLE est un Psychopraticien en Logique Emotionnelle

  • Psychopraticien ?

Il fut un temps où le métier de psychothérapeute était libre d’accès et pouvaient y prétendre ceux qui avaient suivi un cursus de psychothérapeute dans diverses écoles dédiées, sans qu’il soit nécessaire de faire un cursus universitaire.

À la suite de la réglementation définitive de ce titre en 2010, les syndicats représentatifs constitués de psychologues, psychiatres, doctorants et psychanalystes ont décidé d’ajouter une nouvelle appellation au lexique psy : psychopraticien.

S’en sont suivies des propositions de formations mieux certifiantes et encadrées.

Le terme psychopraticien désigne explicitement un « praticien du champ psy ».

C’est par définition une personne chargée d’accompagner par une méthode spécifique les personnes aspirant à mieux se connaître, à surmonter une période difficile, à sortir de leurs souffrances, à trouver un sens à leur vie, à mieux mener leur existence ou simplement à faire le point, à aller mieux.

Le psychopraticien doit être accrédité par une commission de pairs à l’issue de sa formation et se conformer à la charte déontologie de sa profession. Il s’engage également à suivre des ateliers de pratique et de perfectionnement et à participer à des supervisions de pratique en groupe ou individuels.

  • Psychopraticien en Logique Emotionnelle ? 

Le PPLE fonde son accompagnement et son écoute sur la dimension vitale, bio-logique et subjective des comportements et des pensées de la personne en difficulté, voire en souffrance. Elle permet à celle-ci d’avoir un rapport plus confiant à elle-même en comprenant les causes intérieures qui la font réagir. Cette connaissance favorise de meilleurs rapports aux autres.. 

Grâce aux outils de Logique Emotionnelle, le soin qu’apporte le PPLE permet à la personne d’accéder à des possibilités d’adaptation, des solutions, inenvisageables auparavant. Celle-ci apprend à mieux prendre soin d’elle-même, et par extension de son entourage et son environnement.

Comment ? En entrainant son attention au sens vivant et nécessaire de ses habitudes et de ses ressentis, la personne découvre sa subjectivité comme un atout : ses mots, ses gestes, ses réactions défensives prennent sens et ce sens vivant favorise un sentiment de sécurité, base biologique de l’existence. Ainsi, sa façon de faire relation et d’échanger avec son entourage se renouvelle.

Avec les outils de la Logique Emotionnelle, le PPLE est au service de la personne : il l’accompagne à reconnaître sa réactivité émotionnelle et à se réconcilier avec son intelligence de vie. Ouvert dans son écoute, curieux pour la façon dont la personne s’est construite et organisée afin de répondre à son élan vital, le PPLE est prêt à tout entendre, sans pour autant tout croire.  Il propose à son client de reprendre sa part de responsabilité, c’est-à-dire de s’approprier comment il a été capable d’apporter réponse dans la situation rencontrée, comment il a, déjà, été capable de prendre soin de lui. Il lui permet également de porter son attention sur ses habitudes ; de comprendre comment, d’une réaction sur l’instant, s’est installée une répétition comportementale avec la croyance que ce qui a fonctionné une fois, fonctionnera forcément sur le long terme. Il l’accompagne aussi pour conscientiser les conséquences délétères de s’enfermer dans un seul type de comportements. Cette étape accomplie, l’exploration d’autres solutions peut apparaitre.

  • Responsabilité du Psychopraticien en Logique Emotionnelle ?

Le PPLE est conscient de sa propre nature émotionnelle et des mécanismes d’adaptation, ou cadre de références, qu’il a développés. Il sait que son écoute, au travers de ses propres filtres de perception, reste subjective, orientée, voire pressée par son propre système émotionnel. Prêt à tout entendre, il est conscient qu’il peut être impacté et déstabilisé. Il s’applique donc à lui-même les outils de la L.E. pour développer son sentiment de sécurité, tant intérieure que relationnelle et bénéficie du cadre sécurisant de la supervision.

Par ailleurs, il poursuit son apprentissage en formation continue et approfondit ses connaissances neuroscientifiques sur lesquelles sont fondées cette approche qui, à partir d’invariants biologiques, permet d’éclairer la psychologie en profondeur et de laisser se déployer le potentiel qui habite chacun. 

Photo de Nik Shuliahin 💛💙 sur Unsplash

Extrait d’une vie

La logique émotionnelle a éclairé l’illusion de ma pensée en passant par ma réalité corporelle.

Apprendre à me comprendre et à donner sens à qui je suis avec ce que je suis.

La peur me révèle mon besoin de sécurité.

Il m’est arrivé parfois de m’abreuver de connaissance et d’entrouvrir des portes pour gouter à la connaissance du corps. Cette fois ci j’en suis persuadée. Revenir au corps pour mieux me rencontrer. Sa structure, sa physiologie, son contour tout autour. Qui dit se connaitre dit s’expérimenter par le corps qui se lie à la pensée. Il vaut mieux peu de mots qu’un grand discours.

Le contact de la matière, mon ossature, ma chair peau/tissu, peau/tissu/sol, le contact par pression, par effleurement, par étirement, par la détente. Mon corps avec ses repères dans l’espace permet de me sécuriser et de m’assurer pour évoluer. Je m’écoute respirer, je me découvre de l’intérieur, cet univers inconnu qui devient connu peu à peu. Une danse à deux, moi et l’environnement. Moi et la montagne. Parfois je me laisse surprendre par des pentes douces ou raides. Des éboulis de pierre, des bouquetins ou des oiseaux de passage. Cette fois ci c’est lors d’une randonnée dont le passage du câble m’est conté. J’appréhende déjà ce qu’il risque de m’arriver.

Le moment venu, je laisse place à l’action. M’autoriser, oser vivre intensément. Trouver mes repères c’est aussi proposer à la peur de se vivre. Lui permettre d’apparaitre pleinement même si le saisissement m’oppresse, je prends appui tel un escargot. Je m’agrippe, je me hisse doucement tout en étant attachée, sécurisé pour plus de sûreté. Baudrier, encordée et conseil pour poser le pied sur la roche, je suis guidée. Je lève les yeux au ciel, espérant que ma tentative s’arrête. Mes mains transpirent, suintent et ma respiration se fait courte. L’escargot porte sur son dos sa maisonnette d’angoisse. Je suis saisie mais avance en me frottant à la montagne. Le trajet de 3 mètres me parait devenir 3 kilomètres. Arrivée en sécurité mes yeux sont fermés. Je me calme par grandes inspire et expire. Mon ami me dit « tu ne risques rien ici ». J’ouvre les yeux peu à peu. Je vois une pente verte progressive sous mes yeux. Je suis rassurée, assurée.

J’aperçois avec surprise d’un retour réalisé sans peine. Les mouvements de mon corps plus léger, mes yeux se promènent. Je me dis une nouvelle fois que le mental est sacrément cristallisé dans mes fantasmes et dans ma chair. L’expérience est à réaliser et à analyser.

Je me permets en effet plus de surprise. Mon parcours en moto a été lui aussi révélateur. Passagère d’un jour mais pas pour toujours m’étais-je dis. Immobile, les yeux fermés pour assurer ma sécurité. J’ai eu le temps de distinguer un esprit dispersé d’un corps présent assurément. Distinguer ce que je me raconte de ce que je ressens m’a permis de faire baisser la pression émotionnelle. J’ai le droit d’agir ainsi pour sauvegarder, conserver ma structure, ce que je suis m’a permis une nouvelle fois de baisser ma pression émotionnelle. J’ajoute alors une solution, la respiration ventrale, inspire et expire lentement et consciemment. L’apaisement se produit. J’ouvre les yeux et apprécie petit à petit le voyage avec encore quelques tensions. Peu à peu, les ronds-points, les dépassements dans les files me surprennent et je prends goût à être bercer à droite, à gauche tel une danse avec moi et l’autre.

De la négociation à l’éducation, pratique de la Logique Emotionnelle.

De tout temps l’homme s’est intéressé aux lois de la nature vivante. Aujourd’hui les chercheurs en neurosciences décrivent les règles, les lois qui concernent le fonctionnement humain tel que nous pouvons l’observer et le préciser à ce jour. Ces multiples travaux mettent en évidence combien notre cerveau est un formidable système adaptatif pour développer la vie.

A partir de ce fonctionnement de base, invariant pour tous, le Moi individuel pose ses règles, construites au fil des expériences et des mémoires, des fictions et des blessures du corps esprit. Quelles que soient les approches, psychiques, philosophiques ou anthropologiques, le Moi est un formidable système d’apprentissage qui permet le développement de la vie.

A première vue, les deux devraient plutôt bien coopérer et favoriser, autant en soi qu’avec les autres et le monde, de bonnes relations.

Alors, où est-ce que cela cloche ? D’où vient cet état de conflit, intérieur comme extérieur, cette pression à dominer, à regarder la fin du mois plus que la fin du monde, à abimer la nature, terrestre, animale et humaine, à (se) juger, à (se) dévaloriser ?

Comment comprendre cette tension intérieure, ce rejet de son corps en miroir d’une idéalisation d’un corps parfait ?  L’homme, cette espèce déboussolée décrite par l’anthropologue François Flahaut, n’est-il mu que par son hubris, son excès de prétention et d’égoïsme, son moi désirant avoir toujours et toujours plus, et donc débordant ? Ce regard sur nous-même nous porte vers une négociation sans fin avec nos actes, nos pensées, nos représentations, nos biais cognitifs, nos envies, nos besoins… Image d’un puits sans fond ! Nous nous épuisons à nous remplir mais en même temps dévaluons, doutons, annulons ce que nous faisons entre deux sursauts de colères contre soi ou les autres !

La Logique Émotionnelle propose un autre regard : le Moi déborde du fait de l’insuffisance d’attention et de conscience que nous lui portons.

Pour paraphraser le propos d’Albert Camus « un homme ça s’empêche, ou sinon…», ajoutons qu’un homme, ça s’éduque. Nous avons aujourd’hui la formidable opportunité de nous éduquer au fonctionnement de notre système nerveux, à la langue de l’émotion, et de mettre cette connaissance en pratique dans notre vie quotidienne.

Alors, est-ce que l’homme est mu par son hubris ? Oui, quand il se défend dans son urgence à exister. Pas de mal à ça, mais du mal survient à persévérer dans cette habitude. Mais déjà l’Homme s’est éduqué, et déjà nous nous empêchons… plus ou moins selon l’attention portée au Moi qui sent, qui éprouve, qui fait, qui pense. Bref qui existe.

Étudier la LE et apprendre à l’utiliser, c’est relier notre attention au moi vivant, opérant, désirant qui nous anime, et relativiser l’hubris automatique par une éducation volontaire à soi-même qui donne au Moi une valeur biologique en croissance en relation avec son environnement.  

Un trésor d’attention

Au détour du chemin, proche d’un étang, je vais où mes pas me portent, dans la douceur estivale du sous-bois.

Et si je rencontrais des éphémères ? Si j’en appelais une ?

Petite Ephémère,

Je t’imagine posée sur mes pensées, comme au bout de mon doigt.

Tu veux bien que je t’appelle Crystal, de la couleur de tes ailes ?

Et si tu pouvais me parler, que pourrais-tu bien me dire ?

Que tu as le don de silence comme j’ai celui de parole ? 

« Tiens donc ! quelle surprise ! » murmure une toute petite voix dans ma tête, « Tu fais attention à moi maintenant. Au lieu de te hâter d’aller satisfaire tes désirs d’humain, tu me reconnais ? »

Et bien ma chère, oui, je suis curieux de te parler…toi la représentante des premiers insectes, d’un ordre présent sur terre depuis 300 millions d’années, bien plus vieux que les primates et bien entendu que le jeune Sapiens et ses 70 000 ans.  Je lisais récemment qu’à travers tes yeux composés, tu perçois plus d’informations à chaque instant de ton environnement que les humains. Tu y as d’ailleurs intérêt : un moment d’inattention et te voilà la proie d’un oiseau, d’une libellule… Tes prédateurs sont nombreux, vifs et affamés.

« C’est vrai que vous humains vivez dans vos pensées.  Vous avez inventé des machines pour vous affranchir des vicissitudes matérielles, et plus vous vous en libérez, plus vous développez d’activités futiles, d’intérêt pour la fiction, et plus vous ignorez la réalité de ce monde que vous envahissez. Vous êtes en grande partie la source de ce qui vous menace ».

Mais nous nous développons en lien avec notre environnement, Il nous permet d’éprouver la vie en conséquence de notre sensorialité. Lui seul nous permet de répondre à notre désir d’existence.

« Eh bien tu l’oublies. Tu préfères laisser ton attention se porter sur les soubresauts des sociétés humaines, t’indigner de leur démesure. Tu te fascines pour les conflits, et laisses tes habitudes consuméristes renforcer ta peur de manquer, même quand tu disposes de quoi répondre plusieurs fois à tes besoins organiques. Tu es devenu le sujet de tes habitudes et tu les répètes automatiquement en les modulant bien peu ».

Nous sommes aussi intelligents, inventifs, créatifs. Nous allons trouver de nouvelles solutions….

« A condition que tu veilles à porter ton attention sur ce qui procède de la vie… Ton attention est un trésor qui peut te permettre de retrouver le chemin de plus de libre arbitre dans ce que tu fais. Peut-être devrais-tu songer à mieux en user ».

Ah bon…

« D’ailleurs, mon cher évocateur, je vais te demander de m’excuser de t’abandonner : toute mon attention aujourd’hui est réservée à mon amour d’éphémère, à cette autre que je dois rencontrer avant le coucher du soleil, pour que la vie continue au-delà de ma mort ».

Oh zut ! Mon amie d’un instant m’a quitté, j’ignore l’endroit où je me trouve dans la forêt, et je viens d’enfoncer mon pied dans la boue de l’ornière.

Sot celui qui délaisse sa boussole quand il se hasarde en chemin.

Venez apprendre comment La Logique Emotionnelle permet de reconnaître les solutions que nous mettons en œuvre pour répondre à notre désir d’existence, et comment nous pouvons trouver le ressort de nous adapter.

Points de vues en question

  •  « Evidemment tu n’es pas objective, c’est ton mari et tu le défends toujours.
  • Pas du tout, ça n’a rien à voir. C’est toi qui n’es pas objectif, tu es jaloux.
  • Je suis peut-être jaloux, mais toi tu as un voile devant les yeux qui t’empêche de voir ses travers, tu te fais des illusions.
  • Arrête, c’est toujours les mêmes histoires avec toi, tu as tort mais tu veux quand même avoir raison… »

Petite scène du quotidien où nous pouvons déjà entrevoir que ces deux-là vont avoir bien du mal à se comprendre, chacun restant sur son point de vue.

Nous connaissons tous la fable des aveugles qui donnent leur représentation d’un éléphant à partir de l’endroit où il le touche, puis se disputent lorsqu’ils échangent leurs idées, chacun voulant avoir raison, sûr de sa perception.

La morale de cette métaphore est que nous avons tendance à croire que nous avons une perception objective de la réalité alors qu’elle est fondée sur notre expérience subjective limitée, et, conséquence, nous avons tendance à mésestimer l’expérience subjective limitée des autres, qui a elle aussi sa part de vérité.

La connaissance selon laquelle notre cerveau est aux commandes d’une représentation du monde plus ou moins fictionnée est maintenant très répandue grâce à la vulgarisation des travaux neuroscientifiques. Jusqu’à entendre parfois que notre cerveau nous trompe ou encore nous joue des tours. Le cerveau serait un organe indépendant de nous ou capable de se berner lui-même ?

Entre penser sans discernement que nous percevons tout de la réalité et douter de tout car notre cerveau nous ferait prendre des vessies pour des lanternes, quel est le juste milieu ?

Le monde extérieur semble si complexe qu’en miroir notre système perceptif et interprétatif de la réalité est lui aussi très complexe. Pour donner sens, notre cerveau reconstruit les images, filtre les sons, et comme c’est un organe historique, fait de mémoires, il nous donne à voir et entendre « quelque chose » de suffisant pour nous adapter. Est-ce la réalité, toute la réalité ? Non. Est-ce que pour autant nous devons nous en méfier comme si rien n’était vrai ? Non plus. Entre les 2, il y a cette connaissance que nous sommes ainsi faits, ce qui peut nous aider à relativiser nos interprétations et nos croyances.

L’Institut de Logique Emotionnelle propose une approche qui intègre ces différents paramètres pour donner sens à nos émois et en faire des données utiles dans notre façon de conduire nos vies et d’entrer en relation. Il s’agit d’ajouter la conscience des causes structurelles qui donnent forme à nos représentations ! En effet, à quoi sert toute cette connaissance si nous l’« ignorons » dans notre façon d’être et d’agir ?

Savoir que nous interprétons et fictionnons notre rapport au monde nous rend plus humbles ! Nous voilà plus enclins vers des relations de coopération, au-delà de nos idéaux de liens sous la forme d’accords merveilleux qui, bien trop souvent évoluent vers des règlements de compte… Remercions notre aptitude à inventer des histoires -comme si elles étaient vraies- et à les partager.

Un désir fou d’être en lien

Entendre un proche, qu’il fasse parti de son entourage familial, amical ou professionnel, exprimer un ressenti de manque de lien est sûrement familier au lecteur.

Les mots qui racontent l’absence, la distance de l’autre ? Jamais là, trop occupé, égoïste, distant, pas assez attentionné, lointain, froid…

Les mots qui racontent le ressenti ? Abandonné, seul, inexistant, oublié, inintéressant, mort, exclu, perdu…

Aucun doute à avoir ! A écouter ces mots, l’humain est un animal social et il apparait évident nous avons toutes et tous besoin de lien.

Mais de quoi parlons-nous plus précisément quand nous réclamons du lien ou ressentons son absence ? Nous sommes évidemment tentés d’en chercher les causes dans quelques souvenirs passés de nos rapports aux autres, même si nous avons compris que nos souvenirs sont remaniés, fictionnés au fil du temps et de l’usage que nous en faisons. N’empêche, nous sommes accrochés au lien comme une nécessité vitale. Normal du point de vue de la mémoire de survie du nourrisson que nous avons été. Démesure du point de vue de l’adaptabilité de l’être en vie que nous sommes et de sa croissance.

Et si nous laissions parler la logique de nos émotions pour nous guider, telle une boussole pour donner un sens vivant à ce désir ?

Un constat d’abord : ce désir de lien est fondé sur l’expérience de vie et donc il est inhérent à l’existence même : nous sommes vivants du fait d’avoir expérimenté un lien, charnel durant 9 mois de gestation, nutritionnel et relationnel doté d’affection le plus souvent mais pas toujours, puis social. Nous empilons donc dans nos mémoires ces expériences, pour le meilleur que nous désirons conserver, pour le pire que nous désirons fuir ou contrôler et qu’à défaut, nous subissons.

Le lien existe. Comment il existe dans nos mémoires, nos habitudes et, à partir d’elles, dans nos ressentis constitue notre histoire et participe à notre sécurité intérieure comme à notre identité.

Contraint d’être en lien par notre nature même, structurelle, mémorielle, affective et sociale, comment faire bon usage des ressentis de manque et ressentiment ? Comment cette connaissance nous aide-t-elle de traverser les épreuves de la distance ou de la séparation ? C’est là que la boussole émotionnelle va nous aider.

En tout premier lieu, elle nous responsabilise sur le sens, la fonction des ressentis : la douleur éprouvée -le manque- nous signale un comportement inadapté pour répondre au désir d’exister en relation-lien- avec l’autre. Cet autre présent ou absent. A nous de prendre notre courage à deux mains pour nous rapprocher du « comment je fais lien ? »

Est-ce que je le vérifie ? je le contrôle ? je l’entretiens à tout prix ? j’attends de recevoir ? j’explique à l’autre mon besoin de lien ? je fuis dans l’espoir d’être suivi ? je me torture l’esprit à chercher pourquoi l’autre n’est pas plus en lien ?

Autant d’habitudes qui tendent à défendre le lien ou s’en défendre, au risque d’entretenir le ressenti de manque, et ajoutent à l’émotion primale, de peur colère tristesse, des sentiments de culpabilité, d’angoisse ou de violence puisque tel est le mécanisme bio-cognitif à l’œuvre chez chacun.

Et si nous ajoutions un petit pas de côté à ce que nous faisons ? Si nous remplacions le terme lien par celui de relation ? Car si le lien est biologique, la relation, elle, se cultive. Qu’est-ce qui me relie à l’autre ? Comment je me relie déjà à lui qui me donne un ressenti sur la nature de ma relation ? De quoi suis-je responsable dans ce rapport à autrui si ce n’est déjà de ce que je donne ?

« Sans doute, l’avez-vous remarqué : notre attente -d’un amour, d’un printemps, d’un repos- est toujours comblé par surprise ». Christian Bobin, poète et romancier

Le poète a ceci de merveilleux : il trouve les mots qui ouvrent l’espace d’une expérience indicible ou que, jusqu’alors nous n’avions pas su nommer.

Pour nous, défricheurs du système émotionnel pour lesquels la biologie est le langage du vivant, l’émotion ouvre aussi l’espace d’une expérience sensorielle, intime, vibrante d’un instant court de perte de stabilité face à un événement qui dérange notre ordre, attendu et anticipé de certitudes. Si nous négligeons cette expérience corporelle, elle prend le pouvoir sur notre conscience et s’impose dans l’agitation, les cris ou le silence, avant de se prolonger dans le temps dans des habitudes et de générer force ressentis et projections dans un futur nourri de passé. Criante ou subie dans le silence, l’émotion déjoue nos attentes et nous comble par surprise. Comme si elle savait mieux que nous l’orientation de notre existence.

Le poète, comme l’écoutant en Logique Emotionnelle, est celui qui aime les surprises, celles qui saisissent le corps pour le rendre plus sensible, plus malléable, plus accueillant envers sa propre capacité adaptative et sa croissance. Plus accueillant ainsi envers les autres et un monde en transformation par nature.

Le poète, comme l’écoutant, se fie au langage comme à un ruisseau qui court : il suit le sentier car celui-ci, sans vraiment savoir où il va, sait pourtant le chemin vers l’existence. Même si, bien souvent, la voie tortueuse est semée d’embûches et l’énergie à fournir démesurée.

Le bon sens de l’émotion, dans son langage vibrant de désir d’existence tant physique que cognitif, est doté de capacités adaptatives stupéfiantes : savoir, enfin, le langage de l’émotion nous fait prendre le risque d’être comblé… par surprise. Comme inspiré.

« Ne rien prévoir, sinon l’imprévisible, ne rien attendre sinon l’inattendu » Du même auteur dans le même ouvrage.

Institut de Logique Emotionnelle - 9 rue d'Avron 75020 Paris

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