Décrypter l’intelligence vivante de l’émotion

Étiquette : sensorialité

Un trésor d’attention

Au détour du chemin, proche d’un étang, je vais où mes pas me portent, dans la douceur estivale du sous-bois.

Et si je rencontrais des éphémères ? Si j’en appelais une ?

Petite Ephémère,

Je t’imagine posée sur mes pensées, comme au bout de mon doigt.

Tu veux bien que je t’appelle Crystal, de la couleur de tes ailes ?

Et si tu pouvais me parler, que pourrais-tu bien me dire ?

Que tu as le don de silence comme j’ai celui de parole ? 

« Tiens donc ! quelle surprise ! » murmure une toute petite voix dans ma tête, « Tu fais attention à moi maintenant. Au lieu de te hâter d’aller satisfaire tes désirs d’humain, tu me reconnais ? »

Et bien ma chère, oui, je suis curieux de te parler…toi la représentante des premiers insectes, d’un ordre présent sur terre depuis 300 millions d’années, bien plus vieux que les primates et bien entendu que le jeune Sapiens et ses 70 000 ans.  Je lisais récemment qu’à travers tes yeux composés, tu perçois plus d’informations à chaque instant de ton environnement que les humains. Tu y as d’ailleurs intérêt : un moment d’inattention et te voilà la proie d’un oiseau, d’une libellule… Tes prédateurs sont nombreux, vifs et affamés.

« C’est vrai que vous humains vivez dans vos pensées.  Vous avez inventé des machines pour vous affranchir des vicissitudes matérielles, et plus vous vous en libérez, plus vous développez d’activités futiles, d’intérêt pour la fiction, et plus vous ignorez la réalité de ce monde que vous envahissez. Vous êtes en grande partie la source de ce qui vous menace ».

Mais nous nous développons en lien avec notre environnement, Il nous permet d’éprouver la vie en conséquence de notre sensorialité. Lui seul nous permet de répondre à notre désir d’existence.

« Eh bien tu l’oublies. Tu préfères laisser ton attention se porter sur les soubresauts des sociétés humaines, t’indigner de leur démesure. Tu te fascines pour les conflits, et laisses tes habitudes consuméristes renforcer ta peur de manquer, même quand tu disposes de quoi répondre plusieurs fois à tes besoins organiques. Tu es devenu le sujet de tes habitudes et tu les répètes automatiquement en les modulant bien peu ».

Nous sommes aussi intelligents, inventifs, créatifs. Nous allons trouver de nouvelles solutions….

« A condition que tu veilles à porter ton attention sur ce qui procède de la vie… Ton attention est un trésor qui peut te permettre de retrouver le chemin de plus de libre arbitre dans ce que tu fais. Peut-être devrais-tu songer à mieux en user ».

Ah bon…

« D’ailleurs, mon cher évocateur, je vais te demander de m’excuser de t’abandonner : toute mon attention aujourd’hui est réservée à mon amour d’éphémère, à cette autre que je dois rencontrer avant le coucher du soleil, pour que la vie continue au-delà de ma mort ».

Oh zut ! Mon amie d’un instant m’a quitté, j’ignore l’endroit où je me trouve dans la forêt, et je viens d’enfoncer mon pied dans la boue de l’ornière.

Sot celui qui délaisse sa boussole quand il se hasarde en chemin.

Venez apprendre comment La Logique Emotionnelle permet de reconnaître les solutions que nous mettons en œuvre pour répondre à notre désir d’existence, et comment nous pouvons trouver le ressort de nous adapter.

A propos de nos sensations

La LE fait appel à la sensorialité immédiate pour comprendre comment, en percevant un événement à l’extérieur de soi, nous éprouvons un phénomène à l’intérieur de soi, décrit comme une sensation. Celle-ci en en écho avec ce qui se passe à l’extérieur notamment par l’effet de la fonction mimétique des neurones dits miroirs, présents dans la profondeur de notre cerveau, et par nos automatismes vitaux, déclenchés juste au dessus de la moelle épinière.

Ces neurones seraient responsables du mimétisme, très étudié par René Girard sur le plan des comportements en collectivité et par Jean-Michel Oughourlian, neuropsychiatre, qui ont coécrit avec Guy Lefort, Des choses cachées depuis la fondation du monde, ouvrage paru aux éditions Grasset en 1978. Le fait de sentir en soi à partir des perceptions hors de soi dans un processus d’écho ou de mimétisme donne sens à la réactivité émotionnelle qui s’opère ensuite de façon automatique.

La LE fait aussi appel à la mémoire sensorielle.

Voici ce qu’en dit Joseph Ledoux, professeur en neurobiologie, dans son dernier ouvrage, Synaptic Self, paru en 2002 : la remémoration consciente est le type de mémoire que nous avons à l’esprit lorsque nous parlons habituellement de la « mémoire ». Se rappeler c’est être conscient d’une expérience antérieure, et présenter des troubles de la mémoire c’est avoir un problème avec le rappel d’un événement ou d’une information que nous savons pourtant avoir précédemment vécu ou su.

Mais il existe un système de mémoire différent qui garde le souvenir des situations dangereuses ou du moins menaçantes. Cet apprentissage du danger met en relation directe nos perceptions sensorielles avec nos réponses comportementales. Il ne dépend pas de la conscience et nous n’avons aucune emprise sur lui ni un accès conscient à sa véritable nature.

En fait, normalement, les deux systèmes de mémoire fonctionnent simultanément. La mémoire consciente apporte le contexte factuel d’un événement (ce que nous pouvons analyser intellectuellement, sans en éprouver le ressenti) et la mémoire inconsciente donne le relief sensoriel à ce contexte (les manifestations physiques, émotionnelles).

En dehors de l’immaturité de la mémoire consciente en période prénatale, les causes d’un éventuel dérèglement de ce fonctionnement sont multiples mais la principale semble être la peur elle-même. Bruce McEwen, éminent chercheur sur la biologie du stress, a mis en évidence qu’une peur brève mais intense entraîne un appauvrissement en dendrites des neurones activés par cette peur dans l’hippocampe. Les dendrites, parties réceptrices des neurones, sont des acteurs majeurs dans la formation de la mémoire consciente.

Les dégradations sont réversibles si la peur ne dure pas mais les dendrites sont définitivement endommagées, laissant les neurones isolés, si la peur se prolonge. Dans ce cas, le souvenir conscient à l’origine de la peur devient inaccessible. Lorsque la peur se manifeste, il ne subsiste alors aucune piste pour en retrouver consciemment le point de départ.

Et la manifestation sensorielle de la peur reste, de fait, la seule trace qui puisse, éventuellement, permettre de remonter jusqu’à l’événement d’origine et de le désactiver consciemment. En ce sens, des signaux de forte intensité (des sensations physiques fortes reproduites consciemment, par exemple), en ciblant les neurones qui ont été isolés par des dendrites endommagées, peuvent réactiver l’activité de ces neurones et permettre ainsi la restitution consciente de la mémoire.

Par ce mécanisme, on peut imaginer, un peu comme un sourcier s’approche d’un point d’eau avec sa baguette, qu’en remontant consciemment au plus fort de la manifestation sensorielle de la peur et en la revivant pleinement et avec consentement, on puisse la désamorcer en « reconstruisant » l’accès endommagé aux neurones concernés. Dans ce cas, la mise en conscience ne porte plus sur le souvenir mais sur la ré-expérimentation (volontaire et sécurisée) de la peur. Il s’agit là, très probablement, du mécanisme qui sous-tend notre approche.

* Quelques lectures qui étayent le processus de Logique Emotionnelle :

Henri Laborit : tous ses ouvrages et particulièrement L’éloge de la fuite, La Nouvelle Grille

Antonio R. Damasio : L’autre moi-même – Les nouvelles cartes du cerveau, de la conscience et des émotions, Paris, Odile Jacob, 2010.

Lionel Naccache : Le nouvel inconscient – Freud, Christophe Colomb des neurosciences, Paris, Éditions Odile Jacob, coll. « Sciences », 2006.

A suivre…

Institut de Logique Emotionnelle - 9 rue d'Avron 75020 Paris

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