Apprendre la logique de l’émotion

La voie du désir

Samedi 21 et dimanche 22 mai 2022.

C’est quoi le désir ?
C’est ce qui fait naitre le MOI.

Le désir est constitutif de nos habitudes comportementales et mentales. Des plus raisonnables aux plus émotionnelles et défensives.

Le désir est à l’identité ce que le mouvement est au corps, un appel, un moteur incarné dans notre cerveau. Celui-ci est soumis à une double contrainte biologique : être vivant et être mimétique, en miroir. Un duo qui peut produire de la bienveillance ou devenir un duel et générer malveillance, manipulation et frustration.

Nous vous proposons, pendant deux jours, de découvrir le sens vivant du désir à la lumière de la Logique émotionnelle : d’où nait le désir, comment il s’exprime, comment il se distingue de l’objet du désir, comment il initie l’action et la réflexion. Et surtout comment nous pouvons y répondre par des voies plus créatives que nos seuls automatismes grâce aux capacités de notre néocortex.

Pendant ces deux journées, en alternant exercices pratiques et apports théoriques de la Logique émotionnelle, les participants découvriront l’écho de l’élan vital corporel et instinctif contenu dans le désir ; ils comprendront comment le besoin ontologique d’être vivant se déploie dans le désir d’avoir de quoi le demeurer (vivant !).

Le mimétisme est un processus biologique mieux connu depuis la mise en évidence des neurones dits miroirs dans le cerveau moteur : ceux-ci sont capables d’activer les voies nerveuses de l’action sans que le corps ne bouge. Voie d’apprentissages, le mimétisme s’impose aussi dans nos relations. Comment utiliser en conscience ce mécanisme sans le subir ?

La connaissance des processus biologiques à l’origine du désir est facteur de liberté et de créativité. Son ignorance entretient l’attente, la rivalité, le conflit et donc, la frustration.
 

  • Identifier et mettre des mots sur la nature du désir en soi : sûreté ? liberté ? reconnaissance ? distinction ? paix ? initiative ? A partir d’une situation personnelle, chacun trouvera le mot qui correspond à son désir.
  • Distinguer le désir de l’objet sur lequel il est projeté : le moyen d’avoir est différent du désir d’avoir. Notre désir parle de nous ; à nous d’y répondre.
  • Reconnaitre les habitudes mentales et comportementales automatiques utilisées jusqu’alors pour répondre à nos désirs : quels sont les moyens que mon « crocodile intérieur » a favorisés pour répondre à mon désir ? L’habitude d’éviter les problèmes, de contrôler les situations (et les autres), tolérer et m’adapter en passant si possible inaperçu ? Fuite, lutte, repli sur moi ?
  • Ajouter de nouvelles capacités pour répondre à notre désir. Revoir à neuf le désir, soulagé de ces autres dont nous attendons satisfaction, pour laisser apparaitre d’autres voies d’action. Car, si nous ne pouvons faire disparaitre les voies neuronales automatiques, nous pouvons toujours en automatiser de nouvelles.


La liberté est par là !

Émotions : quand c’est plus fort que moi

Vendredi 11, samedi 12 et dimanche 13 février 2022.


Peur, colère, tristesse : Comment faire face

Ah ! Qu’il serait doux de parvenir à « gérer » nos émotions …

De canaliser ce trop plein de sentiments quand il déborde.

Nous sommes habitués à croire que ce sont les situations ou les autres qui nous stressent ; alors nous leur en voulons. A moins que nous nous en voulions à nous-mêmes ! Nous culpabilisons de mal réagir en cherchant désespérément des solutions du côté de la gestion. Sans grand effet le plus souvent et en augmentant même le niveau de frustration !
 
La méconnaissance de la véritable nature de nos émotions entretient en nous un conflit durable nommé le stress. Apprivoiser le « crocodile » émotionnel s’apprend en posant un regard compréhensif et bienveillant sur son langage. A commencer par le début : il nous faut comprendre les effets que produisent les informations transmises par nos 5 sens, des effets sensoriels qui bouleversent le corps, puis qui se diffusent sous forme de langage dans l’esprit. Ainsi, à partir de cette écoute profonde et vivante, nous serons prêts à agir en conscience dans un quotidien si complexe.
 
Vous pourrez découvrir votre propre logique émotionnelle et, apprendre à faire la paix avec votre cerveau, passage nécessaire pour être en paix en soi.
 
Avec des exercices pratiques -expression corporelle, écoute, évocation de situations personnelles- chacun pourra découvrir le véritable « bon sens » de son cerveau : qu’est-ce que percevoir ? Qu’est-ce que sentir ? Pour quoi réagir ? Qu’est-ce qu’un besoin d’existence ? A quoi servent les désirs ? D’où viennent nos habitudes et comment évoluer ? Que pouvons-nous faire de nos ressentiments ? Nos pensées sont-elles aussi objectives que nous le pensons ? Autant de questions auxquelles ces journées permettront de répondre, non de façon idéaliste mais concrètement et de façon vivante.
 
Reconnaissons vraiment que notre cerveau vous veut du bien ! Et que tout en lui tend à nous maintenir… en vie ! Et qu’il en va de même pour le cerveau de chacun, de tout notre entourage. Faire la paix avec soi passe par la connaissance : non pas l’accumulation d’informations, « toujours plus, tout le temps et à tout prix », mais la connaissance qui ouvre à la curiosité et à l’action plus juste et respectueuse.


Renseignements et inscription : clothilde.marciano@gmail.com

Ce processus change TOUT : il est incroyablement libérateur !

Après avoir longtemps cheminé sur une voie cognitive, j’ai découvert la Logique Émotionnelle® (LE).

Moi qui avais exploré la psychanalyse pour mettre des mots sur mes émotions et les tenir ainsi à « bonne » distance, j’entendais soudain que « l’émotion n’est pas le problème, mais la solution ».

Je suis allée à une conférence à la rencontre de Catherine Aimelet-Périssol, fondatrice de la LE, et j’ai participé à deux stages. Alors que j’étais convaincue que seule la raison me permettrait de comprendre, de « gérer » mes émotions, je découvrais, avec une immense gratitude et une très grande excitation, comme un trésor inattendu, qu’une autre voie était possible, qui me proposait, non plus de gérer, mais « d’accueillir » ce qui était, tout simplement. J’ai eu envie d’explorer pleinement cette voie, avec l’intuition que c’était la mienne.

C’est ainsi que j’ai assisté aux soirées consacrées aux 7 étapes E.M.O.T.I.O.N.

Lors de ces soirées, qui ont lieu chaque année et que l’on peut redécouvrir à l’envi, j’ai approché un nouveau code de conduite en 7 étapes : elles sont présentées l’une après l’autre avec une première partie théorique, puis, 15 jours après, une mise en pratique au cours d’ateliers.

Ces étapes invitent notamment à regarder ce qui se passe en soi, à accueillir sa peine, à voir ses réactions de défense, plutôt que de rendre immédiatement l’autre ou quelque chose responsable.

Ce processus change TOUT : il est incroyablement libérateur ET réconciliateur avec l’être que nous sommes.

Aujourd’hui, lorsqu’une émotion surgit, j’essaye – le plus possible – de ralentir, pour cerner l’événement qui a déclenché un malaise, pour sentir ce que je sens. Car je sais que c’est cela qui va me permettre d’agir avec conscience et non plus en mode « pilotage automatique ». Et lorsque l’émotion est trop forte et que je réagis instantanément, car je suis un être humain et donc imparfait (!), je prends le temps ensuite de comprendre ce qui s’est joué en déroulant les 7 étapes.

Parce que la Logique Émotionnelle est un nouveau chemin, elle nécessite un apprentissage régulier, de la patience et de la bienveillance pour soi. J’avance, je fais des pas de côté, je trébuche, mais je me remets en route car je me vois mieux et je vois mon mieux-être.

L’Année Nouvelle ! Nouvelle, vraiment ?

Comment vous la voulez cette Nouvelle Année ?
Bonne, heureuse, joyeuse, en santé, sans Covid, sans masque sans privation, mais avec embrassades, musées, théâtre et cinéma ? Tout ça à la fois ? Oui, bien sûr !


Voilà ce que nous désirons tous retrouver. Nous savons pourtant que quelque chose devrait changer dans nos habitudes consommatrices pour que le monde change, mais… Mais, nous sommes tellement attachés à (ou par) nos représentations, nos croyances et nos fictions, tellement accrochés de nos habituelles réponses pour satisfaire notre désir d’existence que nous ne voyons plus que celles-ci créent naturellement de liens qui enferment ! Ces évidences font partie de nous parce qu’elles sont source de confiance, de certitudes mais aussi d’identité et qu’elles maintiennent une cohérence à notre monde.


Alors, rien de vraiment nouveau finalement ? Plutôt le connu confortable ? Que l’année soit nouvelle sur le calendrier, OK. Qu’elle nous surprenne en mieux et sous la forme de cadeaux, OK. Mais qu’elle le soit sous la forme d’une crise, très peu pour nous ! En fait, le rapport à la nouveauté est bien plus difficile qu’il n’y parait. Faire du nouveau avec l’ancien est difficile à imaginer.


Plutôt que de nous en vouloir d’une telle attitude, de baisser les bras ou de nous distraire en attendant l’effondrement annoncé par beaucoup, nous pourrions commencer par regarder comment la logique émotionnelle éclaire le rapport à la nouveauté, au neuf et au changement.

 
Le responsable de cet état de fait en est le système nerveux lui-même. Il organise notre rapport à ce qui nous est extérieur — les autres, les événements —. Via la perception de nos sens, dans un va-et-vient d’informations sous la forme de sensations et de réactions d’adaptation automatique, notre équilibre homéostatique se maintient dans une cohésion favorable à la vie, à l’origine de l’autoconservation et de la croissance. En cherchant à prolonger dans le temps et en conscience cet équilibre, nous participons au monde, nous en sommes une partie.


Toute notre organisation cérébrale tend ainsi à réduire au maximum l’écart entre l’intention de garantir un état de satisfaction, voire de plaisir, et le résultat de nos comportements censés garantir cet état. La jauge, c’est le ressenti émotionnel, le sentiment éprouvé qui fait suite au comportement adopté. Par exemple, vous avez l’habitude d’exprimer vos envies de cadeaux à votre conjoint pour Noël, persuadé qu’ainsi, vous lui facilitez la tâche et obtenez ce que vous voulez. Mais, celui-ci achète autre chose, persuadé qu’ainsi, il vous fera une surprise et qu’il n’en aura que plus de mérite à vos yeux. Vous voilà déçu, incompris ! Le décalage entre projection et résultat est en effet à l’origine de ce ressenti de dépit. S’en suivent vos représentations binaires sur le couple, l’amour ou le partage. Décidément, c’est compliqué de vivre à deux. L’envie vous vient de retrouver des amis sur les réseaux sociaux. Eux vous comprendront…


Pourtant, et c’est là un paradoxe apparent, cette organisation a bel et bien une intention vitale : réduire l’écart entre satisfaction du désir et résultat, c’est assurer l’équilibre ! Oui, mais assurer l’équilibre réduit la capacité à s’ouvrir à la nouveauté, à la surprise, à l’inhabituel, à l’insolite. Mieux vaut connaitre le processus plutôt qu’en vouloir à l’autre, ou à soi.


Alors, comment faire de cette année une Bonne Année ?

  • En reconnaissant nos comportements pour ce qu’ils sont vraiment : des habitudes profondément ancrées dans le registre automatique de nos systèmes défensifs qui laissent peu d’espace pour recevoir le nouveau
  • En retenant, dans un effort de conscience, nos automatismes destinés à réduire l’écart entre désir de satisfaction et résultat obtenu. Cet effort de s’empêcher ouvre la voie à l’imagination d’autres possibles dans une même intention… exister.
  • En osant la coopération, espace d’écoute et d’expression qui permet aux individus de donner et recevoir des autres, de rendre et de demander.   

Moins glamour que les traditionnels vœux mais plus juste.


Que 2021 soit l’occasion pour chacun de venir apprendre avec nous le langage de la Vie Émotionnelle !

Catherine Aimelet Périssol

Éloge du manque et de l’absence

Calligraphie de Kyoko Rufin-Mori

Ô manque ! je crie ton nom

Je te dis aujourd’hui ma tendresse et mon amour
Ce jour sortie du chaos, relevée du k.o.
 
Ô blanc, Ô absence, Ô manque, Ô pas là … comme je t’entends, te ressens et te comprends maintenant
 
Aujourd’hui, je te vois comme l’éclaireur indispensable
Celui qui de sa lanterne m’a guidée à la vie
 
Bel objet blanc, blanc de l’absence, blanc du manque..
Je te dis aujourd’hui ma tendresse
Comme je comprends ton enseignement maintenant
 
En ai-je pesté de tous ses ressentis, rancœurs et ressentiments
De toutes ses alertes attirant mon attention, faisant le guet et pointant vers le « là » en moi
 
Aujourd’hui, je te vois comme l’éclaireur indispensable
Celui qui, de sa lumière éclaire le tissage du désir, de la présence.

Catherine Le Sage

Calligraphie de Kyoko Rufin-Mori

Le mal a du bon sens

Nul n’est naturellement méchant. Cette parole attribuée à Socrate interroge chacun sur le véritable sens de la méchanceté et donc du mal. Celui que nous faisons, celui que nous éprouvons comme celui que nous subissons du fait des comportements et des paroles de certains autres.
Pour certains thérapeutes, le travail s’achève lorsque le patient a intégré, en conscience et en bienveillance, que le mal existe. Il est devenu ainsi un adulte capable de faire le choix du bien. Non pour se rassurer ou obtenir des autres une assurance sur sa propre valeur, mais pour découvrir cette route semée d’embûches qu’est la vie de tout Être Humain.


Si cette question nous semble importante, c’est que son étude devrait pouvoir soulager la crispation de nombre d’entre nous sur l’obsession du seul bien-être. Car si chacun s’accorde à reconnaitre la valeur biologique du plaisir, nous ne pouvons que nous alerter d’une culture qui le porte aux nues avec le fantasme d’un toujours plus qui ne fait qu’entretenir nos peurs de manquer. La ruée dans les magasins de la semaine passée en dit long sur cette habitude de faire en sorte de ne surtout jamais manquer de rien !
Comment la connaissance de la logique et l’intelligence du processus émotionnel peut nous aider à voir plus clairement ?


Le mal est un mal nécessaire. L’expérience du mal, de la douleur favorise l’éveil du besoin inconscient de protéger l’existence même du corps et par conséquence, la stimulation dans l’esprit des moyens de répondre de cette existence, par la mémoire et la créativité. Il ne s’agit donc pas là de morale mais de biologie.
Pour que le corps puisse être informé, pour que se forme en lui un marqueur somatique selon les mots d’Antonio Damasio, l’expérience du mal être, de la douleur, de la peine, du manque, de la perte de vitalité semble être la voie mise en place par le langage biologique. Et ce pour l’ensemble des êtres vivants. La question n’est donc pas « faut-il souffrir pour vivre ? » mais plutôt « comment la souffrance nous invite à mieux vivre ? »


Accepter cette réalité biologique comme une donnée vitale, source d’inspiration et non punition, peut bouleverser le paradigme dans lequel nous sommes enfermés à force de rechercher tous les moyens pour être bien… sans mal. Alors que la biologie utilise la variation plus et moins comme donnée pour concourir à l’équilibre, l’Humain la voit comme une dualité insupportable où le mal devrait disparaitre. Or malgré nos efforts, force est de constater l’échec de cette vision.


Pour preuve l’actualité de la pandémie Covid19. Nous fantasmons d’éradiquer des formes de vie pour protéger la nôtre. Et plus nous faisons cela, plus nous créons de déséquilibre. Pourtant nous sommes tous informés des déséquilibres créés par l’activité humaine sur notre Terre. Des voix s’élèvent contre ces pratiques, d’autres persistent à faire un peu plus de la même chose.


Le problème n’est pas de vouloir persévérer dans son être, qui est l’apanage de toute forme de vie, c’est la solution du coûte que coûte qui pose problème. Et là les décisions prises au nom de la protection de la collectivité ont un air de coûte que coûte à court terme, quelles que soient les conséquences sur l’avenir. Et ce sans amener chacun à prendre la responsabilité de son propre équilibre : comment favoriser la performance de son propre système immunitaire ? Là est notre pouvoir.


Nous pouvons donc nous interroger sur les décisions de l’exécutif de la privation d’une part de ce pouvoir puisque le sport, la culture, les loisirs, les contacts sociaux favorisant le rire et les échanges…, privilégient la santé par l’apport d’endorphines et diminuent l’excès d’hormones du stress dans le corps. Toute forme de vie s’organise avec les polarités conservation-croissance. Privilégier la seule polarité conservation au détriment de la polarité croissance, ou l’inverse, signifie à terme la mort, que ce soit de l’être comme des sociétés.


Tout comme les 200 avocats et juristes qui ont signé un appel au déconfinement à défendre la vie sous tous ses aspects, « nous nous inquiétons ainsi de devenir cette société du risque zéro qui serait prête à ne plus vivre pour ne pas mourir, et sacrifier pratiquement tout, ses conditions normales de vie, les rapports sociaux, le travail, et même les amitiés, les affects et les convictions politiques et religieuses à la menace de se contaminer. »


On parle de mal pour un bien… Est-ce que le mal actuel peut nous amener à prendre la mesure de l’incidence sur l’environnement, notre entourage, et nous-même de nos comportements ? Est-ce que le mal actuel qui ronge notre société pourrait être l’ouverture vers une prise de conscience que nous faisons partie d’un éco-système dont nous sommes tous, collectivement et individuellement, responsables ? Certains l’ont espéré lors de la première vague de la pandémie, et celle-ci passée nous sommes repartis à nos activités comme si de rien n’était.


Saurons-nous prendre l’opportunité de la deuxième vague pour ouvrir nos yeux ? Puisque la Nature échappe aux bonnes volontés du bien des Hommes, notre intérêt est de la comprendre pour faire alliance avec elle, et sûrement pas de chercher à la neutraliser ou la contrôler.
Le mal existe pour nous informer, nous orienter vers le bon, non seulement pour soi, mais aussi les autres et le monde dont nous faisons partie, dont nous sommes une partie et auquel chacun participe à sa façon. Il a une fonction d’inspiration à la créativité de la nouveauté, sachons la saisir.

Catherine  Aimelet Périssol
Sylvie Alexandre Rochette

Je ne sais pas comment réagir quand quelqu’un pleure devant moi

Par Claire Sejournet

© iStock

Soudain, la personne en face de nous éclate en sanglot. Que faire ? Le discours ambiant, qui valorise l’empathie, nous presse de consoler la personne en larmes. Mais la réalité est beaucoup plus complexe. Le Dr Catherine Aimelet-Perissol nous explique ce qui se joue lorsque quelqu’un pleure devant nous… et pourquoi il ne faut pas culpabiliser si on est déstabilisé.

Pourquoi peut-on se sentir mal à l’aise lorsque quelqu’un pleure devant nous ?

Nous sommes par définition des êtres doués de sensibilité. Ce qui se déroule autour de nous entre en résonnance à l’intérieur de nous. Lorsque quelqu’un rit, stresse, panique… cela a toujours un écho en nous, même lorsqu’on a l’impression de ne pas être touché. Si nous sommes troublés en voyant quelqu’un pleurer, c’est que nous sommes éprouvés, déstabilisés, et que nous avons du mal à gérer notre propre émotion.

Pourtant, c’est l’autre qui pleure, pas nous ?

Les larmes témoignent de la douleur que vit la personne. Elle est manifestement choquée, troublée, bouleversée… Cependant, nous ne sommes pas des éponges à émotions. Nous ne faisons pas nôtre sa détresse, nous avons notre propre émotion par rapport à ses larmes.

Que révèle le fait de ne pas savoir comment réagir ?

Cela en dit beaucoup sur nous-même, sur notre rapport à nos propres émotions, sur notre humanité. Beaucoup de gens se détournent quand ils voient quelqu’un pleurer : ils cherchent à éviter d’entrer en résonnance avec sa détresse, parce qu’il leur est difficile de s’accorder avec eux-mêmes. En réalité, il y a toujours une réaction face à la détresse d’autrui. Sauf que ce peut être une réaction d’évitement, ce qui n’est pas forcément la réaction que la personne en pleurs attend.

Toutes les personnes en larmes attendent-elles d’être consolées ?

Pas du tout ! Pour certaines, un geste de réconfort est d’un grand secours, pour d’autres, c’est insupportable. Certaines vont être reconnaissantes que l’on s’éloigne, d’autres apprécieront une présence silencieuse. Consoler est une réaction possible, mais ce n’est pas la seule.

Vous voulez dire que l’on n’est pas obligé de consoler quelqu’un qui pleure ?

Ni d’un côté, ni de l’autre, il ne faut se forcer à consoler ou à être consolé. Un geste de réconfort est contre-productif s’il n’est pas sincère. Personnellement, je suis arrivée à la conclusion que le plus simple est de demander à la personne qui pleure ce dont elle a besoin. Je pars du principe qu’elle est suffisamment adulte pour répondre à la question : « qu’est-ce qui te ferait du bien ? ». Si elle me répond « rien », je reste simplement là ; ma présence est suffisante, elle implique que je reconnais son chagrin. Si elle souhaite que je la prenne dans les bras, je le fais.

Il est donc possible de fuir poliment ?

Si on a envie de fuir lorsque l’on voit quelqu’un pleurer, c’est qu’on veut s’extraire du face-à-face avec les larmes qui nous met mal à l’aise. Dire « je vais te chercher un mouchoir », ou « je vais faire un café, tu en veux ? » permet de bouger, de se mettre en action. Si la personne nous répond qu’elle a plutôt besoin d’un câlin, ce n’est pas la même chose que d’avoir spontanément ouvert les bras : on est capable d’avoir un geste de réconfort s’il est demandé.

Malgré tout ce que l’on vient de dire, il arrive que l’on culpabilise d’être resté en retrait face aux larmes d’autrui. Doit-on s’en vouloir pour ce comportement ?

Non, car rester de marbre, ne pas montrer que l’on est ébranlé, fuir sont autant de façons de se protéger. Cette réaction de retrait parle de nous, de notre propre histoire. Il faut avoir le courage de reconnaître que ce que l’on fait a du sens pour nous. C’est essentiel de s’accepter comme nous sommes, de se réconcilier avec notre propre attitude dans une situation donnée, car cela préserve de la culpabilité. Mais ce n’est pas une mince affaire !

Est-ce que le lien avec la personne qui pleure peut jouer sur notre réaction ?

Au niveau de la résonnance, ça ne joue pas beaucoup. Les larmes ne nous laissent jamais indifférent, parce qu’elles sont toujours la manifestation d’une douleur. Par contre, en fonction de notre lien avec la personne en pleurs, il sera plus ou moins facile de s’accorder avec notre réaction, quelle qu’elle soit. Il faut bien voir que nous sommes des êtres de situation : de multiples facteurs influencent notre comportement. Selon que l’on est fatigué ou reposé, stressé, pressé, inquiet, heureux… on n’aura pas forcément la même réaction face aux larmes de l’autre.

Finalement, ce que vous dites, c’est que les grands discours sur l’empathie, ça marche en théorie seulement…

Oui, l’empathie, c’est bien beau dans les livres, mais dans la réalité, c’est notre corps qui ressent et qui parle. Intuitivement, on se dit « oh, il faudrait que je sois plus empathique, que je fasse ci ou ça » et puis on réalise qu’on fait totalement autre chose. Ou à l’inverse, on pense à ce que l’on pourrait dire, aux mots à employer, et puis sans comprendre comment c’est arrivé, on est déjà en train de prendre la personne dans les bras. Il est important de se connaître, de savoir ce qui nous fait réagir, ce à quoi on est particulièrement sensible, car les émotions sont un processus très prégnant. Quand elles surviennent, elles sont plus fortes que nous

  Catherine Aimelet-Périssol est médecin et psychothérapeute. Elle a écrit de nombreux ouvrages sur les émotions, dont Ma bible des émotions, parue aux  éditions Leduc.

Cette semaine, j’ai joué au loto

Cette semaine, j’ai joué au loto

Cette semaine, j’ai joué au loto et je n’ai pas gagné ! Mais cette fois-ci, allez savoir pourquoi !…, je me suis interrogée : quel est l’enjeu derrière cette espérance de gain ? Que me manque-t-il de si important ? Finalement « de quoi ai-je réellement besoin pour vivre » ?

Et je me suis mise à écrire ces quelques lignes.

 Pour vivre, finalement, je n’ai pas besoin de grand-chose : un peu de nourriture, si possible variée et équilibrée, un peu de sport, de la danse et du mouvement, pour garder le corps en bonne santé.

Quoi d’autre ? Peut-être un toit et quelques vêtements pour me protéger des intempéries et avoir chaud. Je me suis alors demandée d’où viendrait cette nourriture, ce toit, ces vêtements ? Suis-je en mesure de les produire moi-même ou ai-je besoin des autres ? « Vivre » m’est alors apparu subitement plus exigeant ou plus complexe que prévu.

« Bien vivre » ou « vivre le mieux possible » s’est imposé, vite remplacé, comme une évidence, par « vivre pleinement ». Ainsi ma question est devenue : « De quoi ai-je réellement besoin pour vivre pleinement ? »

La liste de mes besoins s’est soudainement allongée ! Vivre à l’abri des dangers, sans être menacée. Vivre intelligemment, généreusement, passionnément. Aimer ma famille. Rencontrer des gens. Explorer la planète. M’émerveiller de sa beauté. Exercer ma créativité. Apporter ma contribution au monde… et beaucoup d’autres choses encore.

Pourquoi formuler tant de besoins qui ne semblent pas indispensables de prime abord pour vivre mais qui me sont pourtant bien nécessaires ? Se pourrait-il que ce que je nomme « besoins » soient plutôt des solutions que j’ai mises en place en écho à un besoin plus vital, plus archaïque : celui de me sentir plus vivante ?

Vivre à l’abri des dangers serait une solution pour satisfaire mon besoin de sureté.

Aimer ma famille ou rencontrer des gens seraient des solutions pour satisfaire mon besoin d’appartenance.

Vivre généreusement, pour satisfaire mon besoin d’harmonie.

Vivre intelligemment et passionnément, pour satisfaire mon besoin de différence et de sens.

Explorer la planète, mon besoin de liberté. M’émerveiller de sa beauté, mon besoin d’harmonie. Exercer ma créativité, mon besoin d’initiative personnelle …

Besoins, nés de mon besoin vital d’existence, transformés en désirs, sources de mes motivations à entreprendre, agir, choisir … Mais aussi parfois sources de mécontentement à force de vouloir contenter mes désirs à tout prix ! Ou sources d’habitudes qui pourraient se transformer en addictions …

Je ne sais pas si je vais rejouer au loto la semaine prochaine mais je sais que je vais revoir la liste de mes désirs en prenant en compte ce que j’ai déjà mis en place pour vivre pleinement ! A moi ensuite de savourer ou de modifier en conscience ce qui mériterait de l’être au regard de ma vision d’une vie « pleine ».

Si vous aussi, vous souhaitez connaitre les mécanismes qui président à vos choix de vie , comprendre au nom de quoi vous faites ce que vous faites, je vous invite vivement à participer au module « La voie du désir » : 2 jours pour faire le point en toute sécurité et bienveillance, guidées par deux animatrices expérimentées en Logique Emotionnelle : Sylvie Alexandre-Rochette et Catherine Le Sage.

Maïté Pecqueur

Peut-on pleurer devant ses enfants ?

On est fait pour s’entendre, une émission de Flavie Flament

S’il est bien une chose que l’on ne commande pas, ce sont bien les larmes. Certains les laissent couler facilement, d’autres les retiennent. Et lorsque ce sont les parents qui sont bouleversés, ils peuvent être tentés de réprimer leurs émotions, tant il peut paraître naturel de protéger ses enfants des sombres et tristes moments de la vie.

Peut-on pleurer devant nos enfants ? Peut-on partager nos émotions cafardeuses avec eux ? Au contraire, faut-il justement les protéger à tout prix ? « On est fait pour s’entendre » s’est penchée sur le sujet, avec de nombreux conseils et témoignages.

Invités :

Catherine Aimelet-Périssol, docteur en médecine et thérapeute en logique émotionnelle
Gilles-Marie Valet, pédopsychiatre

Écouter ou podcaster l’émission

Lien fonctionnel le 16 octobre 2020