Décrypter l’intelligence vivante de l’émotion

Éloge du manque et de l’absence

Calligraphie de Kyoko Rufin-Mori

Ô manque ! je crie ton nom

Je te dis aujourd’hui ma tendresse et mon amour
Ce jour sortie du chaos, relevée du k.o.
 
Ô blanc, Ô absence, Ô manque, Ô pas là … comme je t’entends, te ressens et te comprends maintenant
 
Aujourd’hui, je te vois comme l’éclaireur indispensable
Celui qui de sa lanterne m’a guidée à la vie
 
Bel objet blanc, blanc de l’absence, blanc du manque..
Je te dis aujourd’hui ma tendresse
Comme je comprends ton enseignement maintenant
 
En ai-je pesté de tous ses ressentis, rancœurs et ressentiments
De toutes ses alertes attirant mon attention, faisant le guet et pointant vers le « là » en moi
 
Aujourd’hui, je te vois comme l’éclaireur indispensable
Celui qui, de sa lumière éclaire le tissage du désir, de la présence.

Catherine Le Sage

Calligraphie de Kyoko Rufin-Mori

Le mal a du bon sens

Nul n’est naturellement méchant. Cette parole attribuée à Socrate interroge chacun sur le véritable sens de la méchanceté et donc du mal. Celui que nous faisons, celui que nous éprouvons comme celui que nous subissons du fait des comportements et des paroles de certains autres.
Pour certains thérapeutes, le travail s’achève lorsque le patient a intégré, en conscience et en bienveillance, que le mal existe. Il est devenu ainsi un adulte capable de faire le choix du bien. Non pour se rassurer ou obtenir des autres une assurance sur sa propre valeur, mais pour découvrir cette route semée d’embûches qu’est la vie de tout Être Humain.


Si cette question nous semble importante, c’est que son étude devrait pouvoir soulager la crispation de nombre d’entre nous sur l’obsession du seul bien-être. Car si chacun s’accorde à reconnaitre la valeur biologique du plaisir, nous ne pouvons que nous alerter d’une culture qui le porte aux nues avec le fantasme d’un toujours plus qui ne fait qu’entretenir nos peurs de manquer. La ruée dans les magasins de la semaine passée en dit long sur cette habitude de faire en sorte de ne surtout jamais manquer de rien !
Comment la connaissance de la logique et l’intelligence du processus émotionnel peut nous aider à voir plus clairement ?


Le mal est un mal nécessaire. L’expérience du mal, de la douleur favorise l’éveil du besoin inconscient de protéger l’existence même du corps et par conséquence, la stimulation dans l’esprit des moyens de répondre de cette existence, par la mémoire et la créativité. Il ne s’agit donc pas là de morale mais de biologie.
Pour que le corps puisse être informé, pour que se forme en lui un marqueur somatique selon les mots d’Antonio Damasio, l’expérience du mal être, de la douleur, de la peine, du manque, de la perte de vitalité semble être la voie mise en place par le langage biologique. Et ce pour l’ensemble des êtres vivants. La question n’est donc pas « faut-il souffrir pour vivre ? » mais plutôt « comment la souffrance nous invite à mieux vivre ? »


Accepter cette réalité biologique comme une donnée vitale, source d’inspiration et non punition, peut bouleverser le paradigme dans lequel nous sommes enfermés à force de rechercher tous les moyens pour être bien… sans mal. Alors que la biologie utilise la variation plus et moins comme donnée pour concourir à l’équilibre, l’Humain la voit comme une dualité insupportable où le mal devrait disparaitre. Or malgré nos efforts, force est de constater l’échec de cette vision.


Pour preuve l’actualité de la pandémie Covid19. Nous fantasmons d’éradiquer des formes de vie pour protéger la nôtre. Et plus nous faisons cela, plus nous créons de déséquilibre. Pourtant nous sommes tous informés des déséquilibres créés par l’activité humaine sur notre Terre. Des voix s’élèvent contre ces pratiques, d’autres persistent à faire un peu plus de la même chose.


Le problème n’est pas de vouloir persévérer dans son être, qui est l’apanage de toute forme de vie, c’est la solution du coûte que coûte qui pose problème. Et là les décisions prises au nom de la protection de la collectivité ont un air de coûte que coûte à court terme, quelles que soient les conséquences sur l’avenir. Et ce sans amener chacun à prendre la responsabilité de son propre équilibre : comment favoriser la performance de son propre système immunitaire ? Là est notre pouvoir.


Nous pouvons donc nous interroger sur les décisions de l’exécutif de la privation d’une part de ce pouvoir puisque le sport, la culture, les loisirs, les contacts sociaux favorisant le rire et les échanges…, privilégient la santé par l’apport d’endorphines et diminuent l’excès d’hormones du stress dans le corps. Toute forme de vie s’organise avec les polarités conservation-croissance. Privilégier la seule polarité conservation au détriment de la polarité croissance, ou l’inverse, signifie à terme la mort, que ce soit de l’être comme des sociétés.


Tout comme les 200 avocats et juristes qui ont signé un appel au déconfinement à défendre la vie sous tous ses aspects, « nous nous inquiétons ainsi de devenir cette société du risque zéro qui serait prête à ne plus vivre pour ne pas mourir, et sacrifier pratiquement tout, ses conditions normales de vie, les rapports sociaux, le travail, et même les amitiés, les affects et les convictions politiques et religieuses à la menace de se contaminer. »


On parle de mal pour un bien… Est-ce que le mal actuel peut nous amener à prendre la mesure de l’incidence sur l’environnement, notre entourage, et nous-même de nos comportements ? Est-ce que le mal actuel qui ronge notre société pourrait être l’ouverture vers une prise de conscience que nous faisons partie d’un éco-système dont nous sommes tous, collectivement et individuellement, responsables ? Certains l’ont espéré lors de la première vague de la pandémie, et celle-ci passée nous sommes repartis à nos activités comme si de rien n’était.


Saurons-nous prendre l’opportunité de la deuxième vague pour ouvrir nos yeux ? Puisque la Nature échappe aux bonnes volontés du bien des Hommes, notre intérêt est de la comprendre pour faire alliance avec elle, et sûrement pas de chercher à la neutraliser ou la contrôler.
Le mal existe pour nous informer, nous orienter vers le bon, non seulement pour soi, mais aussi les autres et le monde dont nous faisons partie, dont nous sommes une partie et auquel chacun participe à sa façon. Il a une fonction d’inspiration à la créativité de la nouveauté, sachons la saisir.

Catherine  Aimelet Périssol
Sylvie Alexandre Rochette

Cette semaine, j’ai joué au loto

Cette semaine, j’ai joué au loto

Cette semaine, j’ai joué au loto et je n’ai pas gagné ! Mais cette fois-ci, allez savoir pourquoi !…, je me suis interrogée : quel est l’enjeu derrière cette espérance de gain ? Que me manque-t-il de si important ? Finalement « de quoi ai-je réellement besoin pour vivre » ?

Et je me suis mise à écrire ces quelques lignes.

 Pour vivre, finalement, je n’ai pas besoin de grand-chose : un peu de nourriture, si possible variée et équilibrée, un peu de sport, de la danse et du mouvement, pour garder le corps en bonne santé.

Quoi d’autre ? Peut-être un toit et quelques vêtements pour me protéger des intempéries et avoir chaud. Je me suis alors demandée d’où viendrait cette nourriture, ce toit, ces vêtements ? Suis-je en mesure de les produire moi-même ou ai-je besoin des autres ? « Vivre » m’est alors apparu subitement plus exigeant ou plus complexe que prévu.

« Bien vivre » ou « vivre le mieux possible » s’est imposé, vite remplacé, comme une évidence, par « vivre pleinement ». Ainsi ma question est devenue : « De quoi ai-je réellement besoin pour vivre pleinement ? »

La liste de mes besoins s’est soudainement allongée ! Vivre à l’abri des dangers, sans être menacée. Vivre intelligemment, généreusement, passionnément. Aimer ma famille. Rencontrer des gens. Explorer la planète. M’émerveiller de sa beauté. Exercer ma créativité. Apporter ma contribution au monde… et beaucoup d’autres choses encore.

Pourquoi formuler tant de besoins qui ne semblent pas indispensables de prime abord pour vivre mais qui me sont pourtant bien nécessaires ? Se pourrait-il que ce que je nomme « besoins » soient plutôt des solutions que j’ai mises en place en écho à un besoin plus vital, plus archaïque : celui de me sentir plus vivante ?

Vivre à l’abri des dangers serait une solution pour satisfaire mon besoin de sureté.

Aimer ma famille ou rencontrer des gens seraient des solutions pour satisfaire mon besoin d’appartenance.

Vivre généreusement, pour satisfaire mon besoin d’harmonie.

Vivre intelligemment et passionnément, pour satisfaire mon besoin de différence et de sens.

Explorer la planète, mon besoin de liberté. M’émerveiller de sa beauté, mon besoin d’harmonie. Exercer ma créativité, mon besoin d’initiative personnelle …

Besoins, nés de mon besoin vital d’existence, transformés en désirs, sources de mes motivations à entreprendre, agir, choisir … Mais aussi parfois sources de mécontentement à force de vouloir contenter mes désirs à tout prix ! Ou sources d’habitudes qui pourraient se transformer en addictions …

Je ne sais pas si je vais rejouer au loto la semaine prochaine mais je sais que je vais revoir la liste de mes désirs en prenant en compte ce que j’ai déjà mis en place pour vivre pleinement ! A moi ensuite de savourer ou de modifier en conscience ce qui mériterait de l’être au regard de ma vision d’une vie « pleine ».

Si vous aussi, vous souhaitez connaitre les mécanismes qui président à vos choix de vie , comprendre au nom de quoi vous faites ce que vous faites, je vous invite vivement à participer au module « La voie du désir » : 2 jours pour faire le point en toute sécurité et bienveillance, guidées par deux animatrices expérimentées en Logique Emotionnelle : Sylvie Alexandre-Rochette et Catherine Le Sage.

Maïté Pecqueur

Drôles de vacances ! Drôle de rentrée !

Bon, si je voulais vérifier que, quoiqu’il se passe dans l’environnement, nous sommes mus et émus par un incontournable désir d’existence, ces vacances et cette rentrée en furent l’occasion !


Drôles de vacances ! Partir ? Pas partir ? Je vais préparer les masques, le gel hydroalcoolique, éviter les plages, et donc aller en Montagne, le grand air, j’y serai tranquille et en sécurité, c’est calme la montagne l’été ! Mais cette année, c’est l’affluence record : nous sommes nombreux à avoir eu la même idée. Tiens, cela me rappelle ce que nous dit René Girard du désir : « Nos désirs ne deviennent vraiment convaincants que quand ils sont reflétés par ceux des autres. »


Une amie me prévient : tous masqués dans le village depuis hier, et il y a plein de monde. Effectivement, la rue principale est bondée, des gens me frôlent et je me surprends à penser « il ne peut pas garder ses distances celui-là ? ». Mon désir de Sécurité, versus sûreté, se manifeste de cette façon au détriment apparemment de mon désir d’avoir du lien social. Et puis je m’habituerai au fil des jours…. L’habitude, même limitante, répond aussi à une force de vie ! Ne dit-on pas la force de l’habitude ?


Tiraillée entre mon désir de sûreté et de lien (me référer aux habitudes qui me rassurent, vivre en tribu) et mon désir de liberté (profiter de l’été, vagabonder, découvrir des gens et des lieux nouveaux), je suis inquiète, puis euphorique, puis inquiète selon les informations que j’écoute et les pensées qui m’assaillent. Et donc toute tourneboulée, comme une girouette prise dans le vent fort de la médiatisation du COVID, ou comme un lapin prit dans des phares d’une voiture, tétanisée derrière mon masque.


Selon une lecture psychique de la situation, j’aurais trois possibilités pour répondre à ce trouble et recouvrer la paix. :

  • Fuir ! Mais où ? Le virus se balade sur toute la planète et les informations d’ailleurs ressemblent aux nôtres. 
  • Combattre ! Mais quoi, et qui ? Les donneurs d’informations ? Le virus ?
  • Me replier ! Mais comment ? Rester chez moi, est-ce que c’est possible sans déprimer ? Est-ce que ce n’est pas mourir à petit feu pour nous, occidentaux, si habitués à une vie trépidante ?

Autre piste : méditer ! J’ai remarqué que je me calmais parfois en pratiquant, mais m’énervais d’autres fois ! Il s’agit de me poser sur une chaise pour tenter la tranquillité, de fermer les yeux, d’écouter les sons, de prendre appui sur ma posture, de porter attention à mon souffle, de laisser mes pensées venir et s’en aller sans m’y attacher. Et pourtant je sais, grâce aux philosophes, que mes pensées ne sont pas moi, que tout est impermanent et en permanente transformation ! Mais certains jours, quand je rencontre mon trouble, mon affolement, ma peine, je n’ai plus qu’une idée en tête, arrêter ! Arrêter cette pratique ! Et vite aller marcher, partir en randonnée ou rejoindre des amis pour un apéro ! Toujours mon désir de sécurité, mais cette fois versus liberté. Le savoir philosophique est alors bien loin ! Me voilà pressée d’échapper au malaise éprouvé…


Bon, face à ce chaos tiraillement intérieur entre deux polarités, que me dit la Logique Emotionnelle ? 
Le rapport au réel est la grande affaire de chacun !

Dans « Le réel et son double » Clément Rosset écrit : Quoi qu’on fasse, quoi qu’on pense, quoi qu’on interprète, il n’y a qu’un réel, et il finit toujours par s’imposer. Et en général, cela fait choc, et donc, parfois, ce rapport fait mal ». Les neuroscientifiques valident.


L’émotion dans son processus somatique puis psychique, nous donne justement à voir ce rapport : comment mon corps, autrement dit ma réalité biologique, rencontre-t-il, via mes perceptions et mes sensations, ce réel ? Comment s’adapte-t-il dans l’instant de la rencontre pour que soit satisfait le besoin d’exister ? Ensuite comment mes comportements cherchent à garantir dans le temps cette satisfaction ? Comment ce sens automatique d’adaptation s’installe-t-il en habitudes d’action, de pensées et d’interprétations ?


Mieux connaitre mon fonctionnement, étudier les neurosciences et la Logique Émotionnelle m’aident à mieux comprendre et donc à agir plus en accord avec ma nature d’être humain, mon désir, mes besoins.

 
Par exemple, le jour où j’ai compris que mon cerveau était fait pour agir et non uniquement pour réfléchir, j’ai fait un grand pas sur le chemin d’un certain équilibre et d’une certaine sérénité. Effectivement, l’action me fait du bien, que cela soit marcher, jardiner, danser. Pour Nietzsche « les seules pensées valables viennent en marchant ! »


Plus largement, cette période met en évidence jusqu’où, au nom de son désir d’être toujours en sécurité, l’être humain s’adapte, voire, s’hyper-adapte ! Il est capable d’une vraie compassion et d’une profonde bienveillance, mais ses mécanismes défensifs, sous la forme de déni, de violence ou de renfermement ne sont jamais loin. C’est cela aussi que nous donne à voir la Logique Emotionnelle. Nous sommes sur une ligne de crête, et comme des funambules en haut de la montagne, nous ignorons comment se passera la descente. Oui, vraiment, drôle de rentrée !

Jocelyne Pringard

Restez chez vous !

Tel a été le mot d’ordre pour se protéger, prendre soin de soi et des autres en ces temps de pandémie. Deux mois de confinement qui ont été vécus plus ou moins bien selon sa situation familiale, ses conditions de logement, son approche de la sécurité, son attachement à son identité sociale et le sens donné à sa vie.

Chacun s’est accommodé, certains privilégiant la sûreté en remplissant les placards et rester à la maison, d’autres la liberté en profitant de toutes les possibilités pour sortir coûte que coûte. Bon an mal an, chacun s’est adapté, et à la sortie du confinement, restent quelques traces mémorielles et comportementales de cet épisode. Quand les uns y voient l’opportunité d’un changement de vie et de paradigme bénéfique, d’autres regrettent le confort du connu et restent angoissés, irritables ou encore déprimés.

Avec l’été arrive le temps des vacances, moment de ressourcement ou d’évasion attendu par beaucoup. Sauf que les frontières restent fermées, les gestes barrières de rigueur, et le port du masque obligatoire dans bien des endroits. Cette situation inédite pour nous est vécue par bon nombre comme insupportable.

Alors, comment retrouver sécurité intérieure et apaisement ?

Le lieu de sécurité intérieure inaltérable est de revenir chez soi, à son être en vie dans l’instant. Et d’y rester… chez soi ! Pas confinés entre nos quatre murs, mais en portant attention à ce qui se passe en soi, dans une présence attentive à sa respiration pour commencer, à l’air qui entre par les narines, aux sensations de nos poumons qui se déploient, au ventre qui se gonfle, aux côtes qui se soulèvent… et la même attention sur l’expire. Tout un champ d’expériences sensorielles, de la perception de la température de l’air à la résonance que cela a en soi…
Un exercice tout simple qui s’appelle méditation.

En quoi la LE donne du sens au geste de méditer ?
La méditation, comme la Logique Émotionnelle, sont des pratiques d’attention.

La LE encourage le ralentissement pour avoir le reflet de l’expérience du corps qui émerge dans le mental. Reflet de ce qui sait la vie en soi et la maintient en tout premier lieu de façon automatique, hors conscience et hors volontarisme. Nos habitudes mentales et comportementales sont empreintes de cet automatisme, trop souvent à notre insu. Réfléchir est communément utilisé comme cette capacité à penser, sans entendre le reflet, celui de la vie du corps, dont la pensée serait en quelque sorte le haut-parleur. « Je pense donc je suis », nous dit Descartes. Je pense permet donc d’accéder à cette connaissance que je suis.

Or nous ne cessons de penser et de commenter, souvent de façon réactive, sans laisser le temps à l’expérience de s’installer et de se refléter dans notre mental. Nous finissons par prendre nos commentaires intérieurs pour la réalité.
La LE nous propose de nous poser, de sentir ce que nous sentons comme la seule vérité intime qui nous appartient en propre, non partageable, et à rester un peu à cet endroit de rencontre avec le monde sensoriel, celui de la première sensation qui nous pousse à la réaction, puis celui de nos ressentis accompagnés de toutes ces pollutions mentales qui suivent nos habitudes.

Rester chez soi en méditation est un bon entrainement pour entrer en contact avec ce qui nous anime. C’est oser la prise de risque de sortir de nos habitudes et de franchir le cap de l’inconnu. Sortir de nos habitudes pour innover de nouvelles façons d’être au monde.
Car nous serons amenés à nous rendre compte de nos distractions mentales, entre retour sur un passé qui n’existe plus et une projection sur un futur qui n’existe pas encore. La LE demanderait à quoi sert d’inviter ces personnes, ces situations, ces événements dans ma méditation ? Ces pensées nous disent quelque chose de nos désirs, de notre élan vital.

A force d’entrainement ce geste simple de se poser, dans une posture le dos droit, peut devenir une spirale vertueuse en réalisant que la vie est là en soi, que nous respirons, que nous pouvons à force de discipline apaiser notre mental, qu’il est bon d’être là, présent à soi-même. Que nous sortons du mode réactif pour entrer dans le mode actif.

Si vous persévérez, ce rituel du rendez-vous avec vous deviendra une nécessité, et vous y prendrez goût tant il est bon d’être là, posé, vivant, apaisé.

Sylvie Alexandre Rochette

Raconte-moi une histoire

Il était une fois en Crète, Dédale, ingénieur travaillant pour le roi et constructeur d’un labyrinthe dans lequel était enfermé le Minotaure. Icare, fils de Dédale y fut jeté avec son père.  Pour s’échapper de Crète, les deux hommes utilisent des ailes de plumes attachées par de la cire. Icare se grise du vol et oublieux de l’interdit de son père de voler trop haut, se tue de s’être trop approché du soleil, faisant fondre la cire.

Les contes, mythes et légendes sont aussi anciens qu’il nous est possible de remonter dans le temps pour l’étude des cultures humaines. Bien avant la lecture d’une histoire dans le cérémonial du coucher de nos jeunes enfants, le partage d’une histoire semble bien être un acte majeur dans le fondement des cultures humaines.

Joëlle est grand-mère depuis 1 ans d’un petit garçon nommé Arthur. Quand nous avons bavardé avec elle de son petit-fils, elle nous a dit « je pense que nous ne devrions pas vacciner Arthur, les vaccins ont des effets secondaires graves pour protéger de maladies devenues rares ». Joëlle fait partie du tiers des français selon une enquête de l’institut Gallup de janvier 2019 qui pensent que les vaccins ne sont pas sûrs, quand les deux autres tiers pensent qu’ils le sont.

Saviez-vous que les tours du World Trade Center au sud de Manhattan n’ont jamais existé ?  C’est l’une des nombreuses théories dites « conspirationnistes » qui circulent depuis le 11 septembre 2001.
Dans son livre de 1989 « La Vie est Belle » le paléontologue Stephen Jay Gould raconte l’histoire de la réinterprétation des schistes de Burgess par Harry Whittington dans les années 1970, ouvrant des perspectives radicalement nouvelles sur l’évolution de la vie. Les schistes de Burgess, gisement de fossiles d’animaux du précambrien près de Vancouver en Colombie Britannique au Canada, ont la particularité d’avoir conservé une trace des parties molles des organismes multicellulaires d’il y a 300 millions d’années. Whittington a réussi à décrire l’organisation organique du vivant à cette époque. Il a notamment mis en évidence 10 profils anatomiques dont seuls quelques un subsistent encore de nos jours.

Gould analyse les facteurs qui ont conduit Walcott dans les années 1920 aux premières interprétations complètement erronées de ces fossiles, qui se sont imposées à la communauté scientifique pendant 50 ans. Ces erreurs de Walcott sont les conséquences de ses modèles mentaux, induits par ses idéaux, à travers son engagement religieux, politique et moral. Pour faire simple, si dieu a fait l’homme à son image, alors l’homme est forcément l’aboutissement ultime de l’évolution. Or aujourd’hui les théoriciens modernes de l’évolution s’accordent majoritairement pour dire que des extinctions massives, dues à des catastrophes planétaires, ont permis de nouvelles proliférations animales jusqu’à la prééminence des mammifères et enfin de Sapiens. Une histoire différente de la terre aurait pu conduire par exemple à un monde de dinosaures.

Nous pourrions multiplier à l’infini les exemples de fictions, d’interprétations et de croyances, conséquence des processus par lesquels chacun donne au monde le sens qu’il a pour soi.

Dans plusieurs de ses ouvrages (notamment Le Nouvel Inconscient , et  Perdons-Nous Connaissance ? ), le neurologue Lionel Naccache traite de cette propriété fondamentale de notre vie mentale : l’interprétation consciente fictionnelle. Chaque minute de notre vie consciente se traduit en interprétations que nous ne cessons d’élaborer.

Les FICs (fictions, interprétations, croyances) reflètent un certain degré de réalité. Dans la plupart des expériences matérielles que nous vivons, notre rapport à notre environnement, et aux contraintes qu’il nous impose, nous amène à incorporer des informations venant du monde réel. Nous les utilisons pour corriger sans cesse nos hypothèses mentales. Même si nous sommes fascinés par les oiseaux et que notre imaginaire est stimulé par la légende d’Icare, nous évitons de nous lancer d’une falaise en essayant de voler.

Pour autant, structurellement, la finalité de l’interprétation consciente fictionnelle est de donner un sens à l’information que nous recevons du monde, qui nous convienne à nous. Sa finalité n’est pas de nous permettre de décrire aussi exactement que possible le monde réel dans sa réalité perceptible, matérielle, tangible.

Dès que nous nous éloignons de la matière et de la perception que nous en avons, nous baignons dans un grand nombre de réalités auto référentielles, faisant parties intégrantes de nos cultures humaines. Par exemple, la valeur de l’argent, la valeur d’un diplôme universitaire, l’existence de dieu, sont des réalités auto référentielles. Une réalité auto référentielle se démontre elle-même au contraire d’une réalité matérielle perceptible et dont nous pouvons reproduire invariablement l’expérience (voir par exemple sur ce sujet les ouvrages de François Flahaut L’Homme une Espèce Déboussolée, et de Yuval Noah Harari Homo Deus).

Nous construisons donc des représentations du monde qui sont à la fois vraies et fausses, et si nous ne pouvons-nous empêcher d’interpréter, du fait même de la structure de notre système nerveux, au moins soyons en avertis. Selon le vieil adage, un humain averti en vaudrait deux ?

Dans notre société de l’information, nous avons maintenant accès très aisément à une masse d’informations de toutes natures, qui circulent à grande vitesse dans la population. Une part prépondérante de ces informations sont l’expression de fictions, d’interprétations, ou de croyances. Les médias, radio, télévision, internet, nous proposent les dires de personnes qui nous font principalement part de ce qu’elles retiennent dans leur subjectivité. Il est facile de prendre une information pour argent comptant, il est beaucoup moins aisé d’accéder à la connaissance, d’ailleurs noyée dans le flot.

« Nos sociétés ont inventé une nouvelle forme de résistance à la connaissance » dit L. Naccache dans Perdons nous Connaissance ?, « non le refus des connaissances, comme au Moyen Age, mais la dégradation de celles-ci en simples informations, avec l’illusion que le progrès des connaissances pourrait rester extérieur à nous-mêmes, ne pas modifier la vision que nous avons de nous-mêmes. »
Dans son dernier ouvrage L’Ordre Étrange des Choses, Antonio Damasio s’émeut de cette réalité puis nous propose une conclusion : « notre ouverture d’esprit doit être grande lorsque nous entreprenons d’explorer l’inconnu ».

Osons nous interroger sur nos certitudes.

Alors s’il te plait mon frère humain, raconte-moi une histoire.

Et rappelons-nous l’un à l’autre que c’est une histoire.

Olivier Vidal

La logique émotionnelle au chevet de la santé

« La santé est un état précaire qui ne laisse rien présager de bon ». Ce mot mis dans la bouche du Dr Knock par Romain Rolland, est destiné à faire rire les spectateurs. Nous sommes au théâtre, spectateurs de la stratégie habile du médecin pour convaincre les naïfs de supposées maladies. Le moyen est simple : lui, « le sachant », leur donne à douter de leur santé et de leurs capacités à se porter bien.

Mais le théâtre s’invite dans nos vies : nous voilà nombreux à douter de nos capacités face à l’infection du virus. Et ce doute est la source de la peur. Même en entendant que l’atteinte virale est le plus souvent bénigne, qu’elle guérit en quelques jours le plus souvent, rien n’y fait.

Il est souvent évoqué que nous sommes surtout saisis du virus de la peur. C’est oublier que la peur, dans le processus émotionnel, est fonction des actions et des pensées qui accompagnent notre désir d’existence, désir naturel et vivant que l’on reconnait dans le désir d’avoir la santé. Tradition des vœux de bonne santé du 1er janvier, trinquer à sa santé, demander comment va la santé… Autant d’habitudes collectives qui disent notre attachement à notre existence, qui passe par une bonne santé.

Douter en ces temps de pandémie, c’est hésiter entre deux données : entre l’attention au virus et sa virulence répétée à longueur de spots sur les médias d’un côté, et l’attention à sa propre nature, dotée de capacités de résistance et d’auto-guérison naturelle de l’autre. D’où une tension intérieure qui engendre peurs, colères ou lassitudes.

Le doute est une ressource précieuse quand il s’applique à l’observation de notre environnement puisqu’il ouvre au questionnement : quoi, comment, qui… déploie un espace sain de curiosité. La médecine est, ainsi que toute science, faite de doutes, d’observations et d’expériences. Mais le doute qui s’applique à soi dans son désir d’existence tel que je suis est délétère. Le doute qui donne à croire que nous n’existons que du fait de l’autre -ou que du fait de la chimie- nous prive d’attention et de soin au Soi.

Nous pouvons commencer à revenir à ce soi, corps esprit, en devenant plus conscient de ce qu’est réellement la santé.

La logique émotionnelle, en invitant à nous fier au mouvement naturel de résonnance du corps esprit à l’environnement, donne à la santé sa valeur biologique et rappelle, notamment, ces fondamentaux:

  • Nous avons un système automatique d’auto-guérison nommé système immunitaire qui se manifeste d’autant mieux que nous le laissons opérer. Non, ce n’est pas le pansement ou la plâtre qui guérit la plaie ou la fracture mais bel et bien le corps lui-même ! Oui, le corps a une intelligence de vie qui dépasse largement nos connaissances actuelles.
  • Comme l’émotion, la santé nous appelle du côté d’une sobriété et d’une autonomie, d’un soin bien différent du fameux bien-être qui est plus évitement de toute entrave que respect de soi. Vivre pleinement comme le disent certains est chose saine quand nous portons attention aux ressources qui sont déjà à l’œuvre et présentes.
  • La santé comme la vie est naturellement prise de risque. L’idée de ne « rien sentir de fâcheux ou de gérer son corps et ses émotions » n’aboutit qu’à encore un peu plus de stress, donc de fragilité, donc de dépendance à l’idée que nous ne serions en santé que grâce à la chimie…

Finalement, notre job est de nous fier au processus vivant, celui de l’émotion comme celui de l’immunité, de l’accompagner en conscience vers le retour à l’homéostasie, entre conservation de ce qui est et croissance, et lui ajouter, si urgence, des techniques qui ont fait leurs preuves ou d’en inventer de meilleures sans obérer pour autant la recherche naturelle d’équilibre. Le Primum non nocere, si cher à Hyppocrate.

Catherine Aimelet Perissol

La vie (à l’) intérieur(e) : nature contre culture ?

Et si nous osions observer la vie intérieure puisque nous y sommes, à l’intérieur ? Au risque d’être déçu de n’être « que ça » ?


Aie ! Le confinement et la présence d’un virus, invisible et contagieux, nous pressent de réaliser que la vie du corps -notre part animale- a la priorité sur nos habitudes culturelles. Un mauvais coup pour notre sacro-sainte intelligence ? Pas si sûr. Et si cette reconnaissance nous permettait, enfin, de devenir un peu plus humain, plus sain de corps et d’esprit ?

Souvenez-vous, c’était il y a quelques semaines ou quelques heures…

  • Le coronavirus, c’est comme la grippe. Ce n’est pas la peine d’en faire toute une histoire. Ou comment l’émotion nous fait rechercher le connu pour comprendre et surtout maitriser l’inconnu.
  • Moins de morts que par accidents de trottinette…Ou comment l’émotion nous presse de nous rassurer.
  • Compter le nombre de morts au nom de la transparence. Ou comment nous utilisons la dramatisation émotionnelle pour sortir du déni et entrer dans la réalité. 
  • Experts, chercheurs, que disent-ils ? Ou comment l’émotion nous pousse à faire confiance à ceux qui se disent ou sont étiquetés sachants. Sachants qui eux-mêmes se réfèrent à ce qu’ils savent déjà. 
  • Pas de ça chez nous ! Ou comment l’émotion nous faisait rejeter le drame qui se passait de l’autre côté des Alpes.
  • Tout le monde ne peut pas se tromper ! Ou comment l’émotion nous presse de nous imiter les uns les autres dans un souci d’appartenance.

Autant de conséquences cognitives, autrement nommées biais cognitifs, liées au fonctionnement de notre système nerveux. Le cerveau existe pour éveiller notre désir d’existence, voire de survie. Pas pour refléter la réalité environnementale !


Nous ne le dirons jamais assez ! Nous sommes définitivement des êtres émotifs, des personnes que leur système émotionnel mobilise, fait agir, fait décider et même qui colore leurs choix.


Nous sommes saturés d’informations, via des mails ou des vidéos: les unes nous divertissent et prêtent au sourire ; d’autres nous alertent ; d’autres encore nous invitent à la sérénité et à regarder les fleurs éclore. Toutes sont des initiatives qui aident leurs auteurs à tenir bon dans la crise, en espérant qu’elles aideront peut-être d’autres à faire face. Toutes disent quelque chose d’émotionnel dans notre rapport à nos quatre besoins fondamentaux : la sécurité, le lien, le sens et le bonheur. Besoins auxquels nul n’échappe.


C’est dans la biologie que nous trouvons la logique de l’émotion, justement dans la part naturelle de notre humanité, celle qui tend à la satisfaction automatique de l’équilibre ou homéostasie. Face à un événement décalé par rapport à ce que nous connaissons et cherchons à retrouver, nous nous sentons déstabilisés, nous perdons notre équilibre intérieur. S’en suivent des réactions, voire surréactions dans l’urgence. Et plus nous sommes déstabilisés, plus nous cherchons à compenser. Tel est la nature du mécanisme émotionnel inscrit dans le corps esprit !


L’émotion est intelligence de vie. Avant de chercher à devenir encore plus intelligent émotionnellement, nous pouvons tous commencer par reconnaitre cette intelligence là où elle se manifeste : dans la peur, dans la colère, dans la tristesse, dans l’excitation. Car ces ressentis, par la peine et la pression qu’ils contiennent nous invitent à un geste inhabituel : prendre soin en conscience. Ce geste est justement réveillé par la contagion actuelle.


A condition de ne pas céder aveuglément aux habitudes mentales qui consistent à vérifier que nous pouvons continuer à avoir ce qui vient de nous être ôté, c’est-à-dire certaines formes bien connues de sécurité, de lien, de sens et de bonheur. Car ces automatismes ne font finalement que nous parler de ce qui a été et que nous voulons conserver.


Comment faire s’aider à prendre soin de soi ? 

  • Regarder les faits plutôt que réfléchir par analogie avec le connu.
  • Se laisser surprendre plutôt que vouloir contrôler
  • Suspendre ses habitudes comme toujours chercher à (se) rassurer à court terme
  • S’observer monter comme des blancs en neige nos craintes et nos projections mentales, sans se juger.
  • Accepter l’incertitude, c’est-à-dire décider de faire ce qu’il est possible de faire aujourd’hui puisque personne ne sait rien de la suite. Et le faire. De toute façon, le néocortex cérébral fabrique des possibles et crée des histoires ; c’est son job. Ça ne veut pas dire qu’il a raison ; ça veut dire qu’il nous invite à être créatif en conscience du processus émotionnel.

Donc, comment disait Tintin sur un dessin reçu récemment : Bon, si j’ai bien compris, tant qu’on ne l’a pas attrapé, on n’est pas immunisé et tant qu’on n’est pas immunisé, on est confiné pour ne pas l’attraper…
Laisser vous entrer en résonnance avec les faits, c’est plus raisonnable !


Catherine Perissol

Des étiquettes aux « éthiquettes » !

Voici venu le mois de mars, le mois du retour du printemps et de son équinoxe, parfois arrosé de ses fameuses giboulées. Et, pour cette année 2020, mars est également le mois des élections municipales.

À ce sujet, vous avez sûrement entendu parler de la controverse sur la circulaire devant fixer le seuil au-delà duquel les préfets attribuent des étiquettes – le terme officiel étant « nuances » – aux listes candidates des élections municipales.

Certains candidats font ou souhaitent faire campagne sans étiquette… ce qui reste une étiquette ! C’est d’ailleurs ce que les médias mentionnent quand ils font un reportage sur ces derniers en indiquant entre parenthèses « SE » = sans étiquette.

C’est que, que nous le voulions ou non, nous ne pouvons pas ne pas « étiqueter ». Autrement dit, nous sommes construits cérébralement et cognitivement pour évaluer, classer, nommer, caser, affecter, …

En miroir de la perception initiale d’un événement, nous nous le représentons. Nos représentations concernent autant la situation que les protagonistes qui la jouent, nous compris. Elles sont faites de jugements, de croyances, de fictions même. Et elles nous sont utiles car elles permettent de donner du sens à ce que nous vivons, à notre passé et de construire notre futur.

Constituent-elles un problème ? NON… tant que nous conservons à l’esprit qu’elles sont utiles… et subjectives, qu’elles ne sont que des étiquettes que nous collons, sur nous et les autres. OUI… dès que nous sommes convaincus que ces étiquettes sont des vérités qui collent à la réalité, et enferment, nous et les autres, dans une vision réductrice. Étiquettes que celui-ci est vraiment « un escroc de première », que telle autre est la « douceur incarnée », que ce troisième « s’est fait tout seul », ou encore que cette dernière « est tout le temps sur mon dos ».

Car ces étiquettes parlent, finalement, bien plus de nous que des autres. Elles illustrent les besoins et désirs que nous cherchons viscéralement à garantir : ici, un désir d’honnêteté, là de douceur, là encore il s’agit d’autonomie, et pour terminer, souffle le vent de la liberté.

Alors, à l’aube de ce printemps, la saison du renouveau, franchissons une porte et osons le changement de paradigme. Envoyons valser les étiquettes et privilégions les « éthiquettes ». Si l’éthique se définit, de manière simple, comme la science des mœurs, quand nous cherchons son étymologie, nous trouvons le mot « soi ». Nous pourrions alors dire que l’éthique, c’est d’abord l’étude de soi.

Une étude dans laquelle il serait pertinent de regarder en quoi les étiquettes parlent de nous, de la façon dont nous nous sommes construits depuis nos besoins les plus basiques jusqu’à nos idéaux.  Une étude où nous aurions à cœur d’identifier les besoins qui nous animent, les désirs qui orientent nos actions, cet élan de vie qui nous inspire et nous ouvre des portes : celles de nos ressources et de nos potentiels, celles d’un nouveau regard porté sur nous et les autres… qui éclate en autant « d’éthiquettes ».

C’est celui qui dit, qui est ? Non, plutôt : c’est celui qui dit qui parle de lui !

Gérald Testé

Grèves et Valentins contrariés ?

Clin d’œil à l’actualité éclairée par la Logique Émotionnelle®.

Pour ce mois de Saint-Valentin, j’ai voulu écrire sur l’amour. Puis, j’ai écouté mes émotions : colère colère colère. Rumination contre les grévistes qui, à l’heure où j’écris, « m’empêchent de bouger et me bloquent depuis six semaines !!! ».

A y regarder de plus près, je m’entends me dire que ce sont les autres qui m’empêchent.

La Logique Émotionnelle® nous invite à écouter notre discours intérieur pour comprendre à quel élan de vie il répond.

Je réalise que mon désir d’avoir toujours la liberté de faire ce que je veux sans aucun obstacle génère une habitude mentale de voir l’autre responsable de ce que je vis. Et cette habitude entretient mon ressenti d’être paralysée et ma peur d’être bloquée.


Je reprends donc la responsabilité de répondre à mon désir de liberté, certes réduite : j’annule des rendez-vous, reporte des sorties, teste la trottinette…et reprends ma liberté de mouvement. Ouf, j’ai un espace de liberté pour décider de ce qui me revient !


Et si je revenais à mon intention première ? Partagerais-je quelque chose avec les grévistes, dans cette humaine condition qui anime chacun ?
Parole d’un manifestant : « Ce n’est pas la question de la retraite qui est centrale, c’est celle du futur : comment on fera dans 20 ans ? Comment je paierai mes soins ? L’école de mes enfants ? Ce mouvement porte cette inquiétude, cette colère, cette rancœur ».


Un mouvement porteur d’émotions… donc de vie ? Le res-sentiment pourrait-il être de l’amour contrarié ? Ran-cœur, comme « rends-moi mon cœur » ?

Apprendre la logique des émotions n’évite pas d’en ressentir, et heureusement. Ce signal d’alarme nous avertit d’un changement et met notre corps en mouvement pour nous y adapter afin de garantir notre intégrité.

Chevillés à nos besoins vitaux, nos désirs – de sécurité, d’identité, de sens ou d’ouverture – orientent nos actions.

Ces dernières induisent nos ressentis, témoins de leur satisfaction. Découvrir le processus émotionnel permet de comprendre ce qui se joue en soi et chez l’autre, à un niveau individuel, collectif et sociétal.

J’entends que les opposants se mobilisent « par peur qu’on touche à la retraite ». Clin d’œil au Clin d’œil de janvier 2020 : la Logique Emotionnelle® propose de nous référer au désir plutôt que nous référer à la peur, la colère ou la tristesse qui ne sont que la conséquence de nos habitudes.

Contre-sens donc ; nous nous mobilisons par envie.

Alors que désirent nos Valentins ? « On étouffe avec ce gouvernement qui veut nous mettre à genoux », dit une enseignante de 58 ans. Désirerait-elle un peu de liberté pour respirer, de place pour se redresser ?

« On travaille toute notre vie pour pouvoir partir avec une retraite digne et c’est ça que le gouvernement remet en cause », ajoute une manifestante. Un désir de reconnaissance d’un travail accompli ? Un synonyme de dignité est l’amour-propre. Nous parlons bien d’amour !

Et l’amour de la fête ? « La stratégie de la grève illimitée n’est plus tenable ». Et si elle ne tient plus alors elle lâche, pour tenir autre chose.

En l’occurrence, de belles idées !

Depuis Noël, les opposants font preuve d’inventivité au travers d’actions symboliques et festives : spectacle de danse et orchestre symphonique devant l’opéra, jeté de robes des avocats, de manuels scolaires des enseignants ou de blouses blanches des soignants, mise en scène de policiers scientifiques, flashmobs… 

« C’est l’imagination collective qui prend le relais. Tout le monde est fatigué mais l’énergie est plus forte », indique un syndicaliste.

Valentins – manifestants, usagers et porteurs du projet de réforme – une joyeuse fête à tous et un bel hommage à cette ÉNERGIE considérable que chacun a déployé pour s’adapter à la situation.

Doté d’un libre arbitre, chacun peut agir en conscience de ses désirs, individuellement et en coopérant, dès lors qu’il voit le mouvement de vie au sein du mouvement de grève.

Anne-Sophie Libert

  • 1
  • 2
Institut de Logique Emotionnelle - 9 rue d'Avron 75020 Paris

Nous contacter
Règlement intérieur & Politique de confidentialité
Mentions légales | Cookies
La certification qualité a été délivrée au titre de la
catégorie d'actions de formations.