Décrypter l’intelligence vivante de l’émotion

Un désir fou d’être en lien

Entendre un proche, qu’il fasse parti de son entourage familial, amical ou professionnel, exprimer un ressenti de manque de lien est sûrement familier au lecteur.

Les mots qui racontent l’absence, la distance de l’autre ? Jamais là, trop occupé, égoïste, distant, pas assez attentionné, lointain, froid…

Les mots qui racontent le ressenti ? Abandonné, seul, inexistant, oublié, inintéressant, mort, exclu, perdu…

Aucun doute à avoir ! A écouter ces mots, l’humain est un animal social et il apparait évident nous avons toutes et tous besoin de lien.

Mais de quoi parlons-nous plus précisément quand nous réclamons du lien ou ressentons son absence ? Nous sommes évidemment tentés d’en chercher les causes dans quelques souvenirs passés de nos rapports aux autres, même si nous avons compris que nos souvenirs sont remaniés, fictionnés au fil du temps et de l’usage que nous en faisons. N’empêche, nous sommes accrochés au lien comme une nécessité vitale. Normal du point de vue de la mémoire de survie du nourrisson que nous avons été. Démesure du point de vue de l’adaptabilité de l’être en vie que nous sommes et de sa croissance.

Et si nous laissions parler la logique de nos émotions pour nous guider, telle une boussole pour donner un sens vivant à ce désir ?

Un constat d’abord : ce désir de lien est fondé sur l’expérience de vie et donc il est inhérent à l’existence même : nous sommes vivants du fait d’avoir expérimenté un lien, charnel durant 9 mois de gestation, nutritionnel et relationnel doté d’affection le plus souvent mais pas toujours, puis social. Nous empilons donc dans nos mémoires ces expériences, pour le meilleur que nous désirons conserver, pour le pire que nous désirons fuir ou contrôler et qu’à défaut, nous subissons.

Le lien existe. Comment il existe dans nos mémoires, nos habitudes et, à partir d’elles, dans nos ressentis constitue notre histoire et participe à notre sécurité intérieure comme à notre identité.

Contraint d’être en lien par notre nature même, structurelle, mémorielle, affective et sociale, comment faire bon usage des ressentis de manque et ressentiment ? Comment cette connaissance nous aide-t-elle de traverser les épreuves de la distance ou de la séparation ? C’est là que la boussole émotionnelle va nous aider.

En tout premier lieu, elle nous responsabilise sur le sens, la fonction des ressentis : la douleur éprouvée -le manque- nous signale un comportement inadapté pour répondre au désir d’exister en relation-lien- avec l’autre. Cet autre présent ou absent. A nous de prendre notre courage à deux mains pour nous rapprocher du « comment je fais lien ? »

Est-ce que je le vérifie ? je le contrôle ? je l’entretiens à tout prix ? j’attends de recevoir ? j’explique à l’autre mon besoin de lien ? je fuis dans l’espoir d’être suivi ? je me torture l’esprit à chercher pourquoi l’autre n’est pas plus en lien ?

Autant d’habitudes qui tendent à défendre le lien ou s’en défendre, au risque d’entretenir le ressenti de manque, et ajoutent à l’émotion primale, de peur colère tristesse, des sentiments de culpabilité, d’angoisse ou de violence puisque tel est le mécanisme bio-cognitif à l’œuvre chez chacun.

Et si nous ajoutions un petit pas de côté à ce que nous faisons ? Si nous remplacions le terme lien par celui de relation ? Car si le lien est biologique, la relation, elle, se cultive. Qu’est-ce qui me relie à l’autre ? Comment je me relie déjà à lui qui me donne un ressenti sur la nature de ma relation ? De quoi suis-je responsable dans ce rapport à autrui si ce n’est déjà de ce que je donne ?

« Sans doute, l’avez-vous remarqué : notre attente -d’un amour, d’un printemps, d’un repos- est toujours comblé par surprise ». Christian Bobin, poète et romancier

Le poète a ceci de merveilleux : il trouve les mots qui ouvrent l’espace d’une expérience indicible ou que, jusqu’alors nous n’avions pas su nommer.

Pour nous, défricheurs du système émotionnel pour lesquels la biologie est le langage du vivant, l’émotion ouvre aussi l’espace d’une expérience sensorielle, intime, vibrante d’un instant court de perte de stabilité face à un événement qui dérange notre ordre, attendu et anticipé de certitudes. Si nous négligeons cette expérience corporelle, elle prend le pouvoir sur notre conscience et s’impose dans l’agitation, les cris ou le silence, avant de se prolonger dans le temps dans des habitudes et de générer force ressentis et projections dans un futur nourri de passé. Criante ou subie dans le silence, l’émotion déjoue nos attentes et nous comble par surprise. Comme si elle savait mieux que nous l’orientation de notre existence.

Le poète, comme l’écoutant en Logique Emotionnelle, est celui qui aime les surprises, celles qui saisissent le corps pour le rendre plus sensible, plus malléable, plus accueillant envers sa propre capacité adaptative et sa croissance. Plus accueillant ainsi envers les autres et un monde en transformation par nature.

Le poète, comme l’écoutant, se fie au langage comme à un ruisseau qui court : il suit le sentier car celui-ci, sans vraiment savoir où il va, sait pourtant le chemin vers l’existence. Même si, bien souvent, la voie tortueuse est semée d’embûches et l’énergie à fournir démesurée.

Le bon sens de l’émotion, dans son langage vibrant de désir d’existence tant physique que cognitif, est doté de capacités adaptatives stupéfiantes : savoir, enfin, le langage de l’émotion nous fait prendre le risque d’être comblé… par surprise. Comme inspiré.

« Ne rien prévoir, sinon l’imprévisible, ne rien attendre sinon l’inattendu » Du même auteur dans le même ouvrage.

Meilleurs voeux ou bonnes plaintes ?

Appel lancé ou remerciement exprimé à une divinité afin qu’elle influe favorablement sur nos vies, nous re-voilà en ce début d’année dans ce lieu-moment renouvelé des voeux échangés. La lumière gagne chaque jour un peu sur la nuit.

 Ah les voeux ! Cette « obligation du sentiment » à laquelle mon désir de liberté résiste jusqu’à faire prendre du retard à cette infolettre !

Chacun réagit à son goût à cette obligation et nourrit son désir, répondant à ce qu’il choisit de se représenter du monde pour occuper son corps-esprit : la préoccupation bienfaisante d’un quotidien rempli de ce qui doit être fait – et l’est plutôt (vous faites déjà tout ça bravo !) ? L’image d’un hiver écologique qui s’annonce ? La lumière d’un espoir de fraternité qui grandit face à ce qui peut être vécu comme menaçant ? l’expérience de l’amour ? et mille et une variantes…

Alors, aujourd’hui, 16 janvier 2023, à quelle puissance tutélaire adresserai-je nos voeux de l’Institut ?

Et si c’était simplement l’occasion de nous manifester de nouveau ? Manifester ? c’est dire : « présent ! »

Dire Présent ! Malgré nos renoncements à des idéaux pourtant lancinés, malgré le fait d’avoir choisi le confort d’un foyer plutot que d’aller auprès d’amis ou de parents, malgré tout ce à quoi nous sommes restés aveugles (ce qui, hors de notre conscience, mais bien dans ce monde, a pu être vécu comme blessant par d’autres), malgré nos hontes (bien bues à Noël j’espère ?)…

Vous voyez ce dont je parle ? Tous ces possibles que je choisis de regarder comme « pas fait », « ça manque », « oups » et « gloups »… et que je me reproche parfois (au nom de quel désir ?).

Tous ces « manquements » qui nous font humain… imparfait… et dont les autres peuvent choisir de se plaindre à tort ou à raison (c’est tout le sujet)…

Qu’avons nous à offrir sinon notre présence renouvelée, malgré tout ?

« Quand quelqu’un voyage il apprend beaucoup de choses sur lui-même. Si on va là où il n’y a que solitude, on apprend à vivre sans plainte. » Jorn Riel

Dans son dernier ouvrage, A l’Est des Rêves, autour d’habitants de l’Alaska, les Even, Nastassja Martin, anthropologue, nous invite à arrêter de pleurer sur les cataclysmes qu’on imagine. Les premiers concernés voient leur sol se dérober sous leurs pieds et pourtant ils ne perdent aucune occasion de rire !

Ce qui nous arrive nous ne le contrôlons pas, mais notre manière d’habiter la terre, elle oui !

Choisissons-nous le rapport destructeur et pauvre, brutaliser, créer du non-lien avec ce qui nous entoure ? Choisissons nous plutôt un rapport riche au vivant – y compris non-humain ? 

Et comment font les Even pour vivre malgré tout sur la terre ? Ils recommencent à rêver ! « On n’a pas forcément besoin d’être en co-présence avec les êtres qui nous entourent pour être en relation avec eux. Ces histoires et les êtres qui la peuplent sont capables d’opérer des décalages à l’intérieur de nous-même. »

Quel que soit leur « impact », nos gestes, à savoir regarder avec attention ce qui vit, soigner les vivants, entretenir des relations avec ceux qui vivent (et ont vécu)… portent en eux-même le sentiment d’exister.

 Fulminons plutôt ensemble ! Faisons de nos colères canalisées ensemble un espoir de renouvellement.

Comment habiter la Terre qui nous héberge provisoirement ?

Ici, maintenant, aussi spontanément que nous sommes amenés à pleurer à l’idée d’un futur fossoyé, rions de bon coeur, rêvons sérieusement, et apprenons à lire notre système émotionnel…

« Découvrir et décrypter comment l’émotion vient au cerveau… »

Quel est l’intérêt de connaitre le fonctionnement du cerveau émotionnel et la biologie relationnelle ? Qu’aurions-nous de plus à connaitre le langage de la vie (bio-logie) grâce auquel nous sommes en relation avec soi, avec le monde et les autres ?

Après tout, à part quelques passionnés de mécanique, nul n’a besoin de savoir comment fonctionne sa voiture… tant qu’elle fonctionne dès l’allumage et roule vers notre destination sans ambages. Évidemment, si un voyant lumineux rouge s’allume sur le tableau de bord, ou que le véhicule refuse de démarrer, c’est une tout autre histoire !

Il en est de même pour notre cerveau. Tant qu’il répond à la satisfaction de nos besoins de nous sentir vivant et satisfait, quel intérêt y aurait-il à en connaitre le fonctionnement ? Aucun. Tant que notre attention peut se fixer sur des objectifs de gratifications, qu’importe les voies neuronales empruntées. Tant que nous ressentons notre existence dans sa robustesse et sa valeur, la vie est belle !

Là où l’affaire se corse, c’est quand nous souffrons d’émotions : la peur, la colère, la tristesse ou même l’excitation de la joie sont des expériences qui vont jusqu’à la douleur dite alors psychique. Nous jugeons alors notre cerveau d’en faire trop ou pas assez ou de faire mal. Nous sommes automatiquement tentés d’en chercher la cause soit venant de l’extérieur (les autres, la situation), soit venant de l’intérieur (via des jugements sur soi-même). Nous agissons dans l’urgence, par le raisonnement, le contrôle, le divertissement, les compléments chimiques ou encore la recherche d’autres informations pour que notre cerveau s’apaise et retrouve un équilibre. Et nous avec.

C’est là que la connaissance de son fonctionnement peut s’avérer cruciale.

Venez découvrir le monde vivant de votre cerveau dans les soirées animées des Cafés Emotions !  

L’émotion, une boussole…

Une boussole pour désirer agir librement dans les transformations écologiques !

Voilà bien un paradoxe tant l’émotion est encore considérée comme la conséquence de circonstances extérieures, relationnelles ou environnementales, nous imposant un ressenti négatif ou positif. Une évidence pour la plupart.

Et qu’importent les découvertes en neurosciences qui révèlent l’insuffisance de cette approche qui peine à s’inscrire dans nos actions tant est grand notre attachement à cette évidence qui associe émotion et affectivité. Nous continuons à penser la prééminence du psychisme sur la matière corporelle, réceptacle devenu passif de la qualité, positive ou négative, de notre affectivité.

Néanmoins, cette approche gagne petit à petit du terrain dans le champ de nos connaissances,

Quand nous sortons de cette vision culturelle et néanmoins erronée, c’est bien souvent pour projeter sur la dite science des capacités à nous sauver de notre mal-être : les techniques vont nous soulager de nous-mêmes, pauvres humains égarés que nous serions !

Or, l’émotion est bel et bien une boussole. Cette métaphore illustre que l’émotion est le témoin d’une expérience de perte sensorielle quand certaines situations résonnent en nous telle une perte de sécurité dans la peur, d’identité dans la colère ou de sens dans la tristesse, mais aussi comme une perte de limite dans la joie.

Nous disons alors de nous « je suis perdu(e) ». Pas étonnant que nous restions si attachés, par habitudes et ignorance, à ceux – ou à ce- qui pourvoient dans l’urgence à nos besoins.

Comment fonctionne la boussole ? L’une des aiguilles, le plus souvent rouge (cette couleur attire automatiquement notre attention) est aimantée. Comme les aimants s’attirent, cette aiguille se place dans le même sens que le champ magnétique de la Terre. Elle montre ainsi toujours la direction du nord. Cette indication oriente notre attention vers quoi tend notre existence dans la situation présente et non sur comment agir.

Le nord nous rappelle l’invariant biologique qui régit la vie, le besoin d’équilibre en mouvement qui garantit l’existence dans la situation dans laquelle nous nous sentons perdus. Ne dit rien du quoi faire. Dans cet espace, se situe notre liberté !

La tentation est bien sûr de retrouver le chemin le plus connu : il nous est familier, il est le plus automatique, voire le plus facile. Ce sont nos habitudes d’actions comme de pensées, celles que nous savons justifier et qui répond, dans l’urgence et en toute bonne foi le plus souvent, à nous « sauver la mise ».

La boussole émotionnelle, en indiquant le nord, se contente de nous informer sur un seul point : notre désir d’exister. C’est tout ? Oui. Nous pouvons nous en émerveiller comme nous savons le faire quand on nous raconte le savoir-faire automatique chez les oiseaux migrateurs.

L’émotion nous oriente sur la valeur de notre présence au monde, sur l’importance d’habiter notre être, notre vie telle qu’elle est en conscience plutôt que de subir notre sort, tenter de lui échapper ou de le contrôler, de nous y accorder. Cette orientation nous offre la liberté. En conscience de la valeur très biologique de notre existence. 

C’est là que nous retrouvons la fameuse é-motion ou e(x)-motion qui nous presse de sortir de nos habitudes automatiques, de nous mouvoir hors d’elles. Exister, c’est plus que vivre, c’est se redresser et agir en conscience de cet aimant terrestre et non hors de lui.

Là est le lien entre boussole et liberté, boussole et transformation, boussole et écologie!

La liberté demeure un idéal tant que nous rêvons de nous libérer de notre réalité biologique. Mais en nous alignant au caractère invariant de notre boussole existentielle, elle se réalise ou plutôt, nous ressentons son goût.

La transformation de soi et autour de soi demeurent des mots et des injonctions tant que nous projetons sur l’extérieur ce qui devrait changer. En alignant nos attitudes sur la valeur vivante du don (je donne à l’autre ce que j’aimerais qu’il me donne), la transformation a lieu.

L’ écologique est vaine et reste une contrainte tant qu’elle est étrangère au désir d’existence.

La boussole nous appelle dans la reconnaissance de notre être vivant donc sensible. Non la sensibilité affective qui attend qu’on rassure, mais la sensibilité ou sensorialité liée au système vivant lui-même. N’en déplaise aux approches essentiellement psychologiques, l’émotion est un système qui à ce titre, se fonde sur la nature vivante, dotée de capacités auto-organisationnelles.

Plutôt que chercher à comprendre pourquoi l’autre, ou soi-même, se comporte comme il le fait, gardons à l’esprit que le vivant est orienté par un impératif thermodynamique (1) : dissiper le plus d’énergie possible ! Ce passage mental ramène notre attention sur la boussole terrestre et peut aider à désirer juste ce que nous pouvons faire librement dans les transformations écologiques qui sont déjà là.   

Catherine Aimelet-Perissol

(1) Lire RODDIER François Thermodynamique de l’évolution

Fondation Ronald McDonald – Magazine Parents

Table Ronde : Apprivoiser ses émotions, ça s’apprend !

Une table ronde pour aborder les émotions des enfants, de la naissance à l’adolescence.
D’où viennent les émotions, à quoi servent-elles ? Comment les apprivoiser ? Comment accompagner son enfant dans la régulation de ses émotions ? Comment le climat ambiant ou les circonstances particulières (maladie, hospitalisation…) impactent les émotions ?

Avec :

  • Dr Catherine Aimelet-Perissol, fondatrice de l’institut de logique émotionnelle
  • Dr Saverio Tomasella, psychanalyste et écrivain
  • Dr Hélène Romano, psychologue clinicienne et psychothérapeute spécialisée dans le psychotraumatisme

Interview de Catherine Aimelet-Périssol par Eva Roque sur France Inter

Le 1er novembre 2022 en compagnie de Marie Robert et Alexandre Jost

Comment recevoir un compliment ?

Accepter ou recevoir un compliment n’est pas toujours aisé.

Le SMS est arrivé quelques secondes après ma sortie du studio : « Trop belle ta chronique ce matin » suivi d’un émoji cœur.

Message signé d’une consœur à laquelle j’ai répondu : « Ah bon ? Je l’ai trouvée moyenne moi ». Ma réponse est partie et à ce moment précis, je me suis détestée…
Mais pourquoi répondre cela ?

Pourquoi ne pas dire simplement « merci » et passer à autre chose ? Pourquoi recevoir un compliment se traduit quasi systématiquement par une gêne, un embarras ?

Pourquoi ne pas accepter l’idée que oui, cette chronique était sans doute réussie. Ou que le plat que j’ai concocté pendant des heures pour des amis était succulent et qu’il n’était pas nécessaire de dire qu’il manquait de sel, qu’il était un peu trop pimenté et que le dressage était approximatif…

Le compliment sous le regard de la L.E

Que nous soyons adulte ou enfant, que ce soit dans nos vies professionnelles, nos vies amoureuses ou nos vies familiales, comment comprendre que recevoir un compliment se traduise souvent par une gêne ou un embarras ?

Lorsque le compliment est donné, il vient révéler la manière dont nous le recevons.

Par son effet de surprise, il réactive un processus profond, émotionnel, très archaïque qui nous pousse à réagir : par exemple, nier ce qui a été donné par un « ce n’est rien », le réfuter ou encore l’accepter avec un timide « merci ». Autant de réactions plus fondées sur une logique de survie (la biologie) que sur une réflexion cognitive.

De plus, dans la mesure où le compliment est un regard d’évaluation que pose l’autre sur nous, il parle de l’effet qu’a sur nous ce regard. Il vient souligner une qualité, une puissance et par la même occasion, suggérer nos faiblesses, voire notre vulnérabilité.

Nous sommes alors amenés à nous questionner sur l’intention de son auteur :

  • Est-ce un proche qui par sa parole de valorisation vient se narcissiser lui-même ?
  • Est-ce un manager qui applique une simple technique pour être conforme à ce que ses supérieurs attendent de lui ?
  • Est-ce un moyen pour l’émetteur d’attendre quelque chose en retour ?

Le compliment peut même entrainer un effet  »d’addiction » quand notre attention est automatiquement orientée vers la reconnaissance ou une évaluation positive. Se manifestent en conséquence une angoisse du manque et une pression de performance : l’enfant, et plus tard l’adulte, s’imposent un certain niveau pour favoriser le compliment, la validation, le regard de l’autre aux dépens de la valeur de sa propre expérience.

L’autre n‘a même plus besoin de dire quoi que ce soit que nous nous demandons déjà si nous allons lui plaire au point de provoquer un compliment. 

La Logique Émotionnelle, en nous renvoyant à porter attention à notre expérience, permet de déconstruire l’attente du regard de l’autre et du compliment. 

L’un et l’autre se rencontrent : nous nous intéressons l’un à l’autre et nous portons notre attention ensemble sur l’acte qui a été fait, que ce soit dans le cadre professionnel ou personnel. Il s’agit alors d’une attention portée sur une réalisation que l’on peut regarder et qualifier ensemble, voire décortiquer ensemble. Il y a du concret, du réel que nous considérons alors comme fiable, donc comme source de sécurité, donc comme source de confiance.

Ce temps passé ensemble nous apprend quelle est notre singularité, notre distinction. 

Prenons l’exemple d’un dessin d’enfant. Il est important pour le parent d’aller rencontrer l’enfant dans son expérience qu’il va valoriser. C’est là que l’enfant peut se sentir reconnu. On peut demander à l’enfant qu’est-ce qui a été le plus difficile à faire ? Pourquoi le bleu du ciel ? L’enfant peut alors se dire : « Il s’est passé quelque chose chez moi qui fait que je reçois ce regard et cette interrogation de la part de l’adulte. » Et ça, c’est vraiment édifiant, au meilleur sens du terme.

À cette attention sincère, répond en général quelque chose de l’ordre d’un plaisir partagé parce que dans le compliment, il y a une histoire de plaisir.

Il s’agit alors d’écouter vraiment la parole qui complimente. Puis de se laisser éprouver par elle. Être attentionné à l’expérience sensorielle présente, pouvoir écouter cette expérience sensorielle, fait que nous pouvons manifester de la gratitude envers l’autre : un sourire, un geste, un regard appuyé qui dit quelque chose de la façon dont nous accueillons tranquillement ce don qui nous est fait.

Gratitude

L’intelligence des émotions est à l’œuvre à chaque instant, avec une dimension corporelle, très animale : les sens en éveil, prêt à réagir, qui nous rappelle au présent, et une dimension plus mentale, à la fois, subie lorsqu’elle « s’emballe » (Nous pouvons nous y enfermer jusqu’à l’épuisement) et réfléchie lorsque nous ralentissons en conscience.

Ce matin, juste l’envie de m’arrêter quelques instants sur ce mot de « gratitude », le contempler, le déguster, le savourer et le partager avec vous à l’aune d’une récente expérience vécue, de la simple présence à ce qui est : avec toute la réflexion qui émerge naturellement et la simple ouverture à soi, ainsi qu’au monde environnant.

Quatre jours, quatre petites journées au milieu d’une étendue vierge à perte de vue sur le causse et d’un troupeau de chevaux sauvages, à observer la nature à l’œuvre, l’organisation et les relations entre ces équidés. D’un côté, les « familles » avec les étalons, les juments et les jeunes poulains et pouliches. L’étalon protège son groupe des visées d’autres étalons et le régule. Les juments veillent et éduquent les jeunes et parfois mènent le groupe vers d’autres pâturages ou points d’eau. Et puis, de l’autre côté, les groupes de « célibataires » réunissent des mâles devenus adultes « sans famille », chaque groupe a son chef et les jeunes jouent « à la bagarre ».

L’observation des chevaux dure des heures et le temps n’a pas de prise. Bercée par le vent, la lumière, quelques nuages et la perspective. Les sens sont en éveil jusqu’à en être saoule. Guettant le moindre détail, le moindre mouvement, les moindres changements de positions nous identifions chaque animal, son comportement et le sens de ses interactions.

Et là, au beau milieu de « nulle part », alors que je me pose milles questions : d’où viennent ces chevaux ? comment la paléogénétique peut nous éclairer sur l’évolution des espèces équines et la relation avec l’homme ? quel sens donner à leurs représentations rupestres ? que signifie « sauvages » ou « domestiques » ? pourquoi ne pas interagir avec eux, même pour des soins ? quels sont les biais de l’anthropomorphisme ? qu’est-ce que leur organisation et leur évolution nous apprend sur l’homme ? …, émerge une évidence : ils n’ont pas « besoin » de nous, la vie est là simplement !

J’en éprouve une immense Gratitude, comme une sensation chaleureuse et vibrante, un sentiment de plénitude et une profonde reconnaissance.

Quatre jours plus tard, j’anime un groupe d’une quinzaine de personnes dans le cadre d’un parcours de formation. Le deuxième jour, il est 16 heures, ils s’excusent et me font part de combien chacun se sent fatigué, épuisé, stressé. Les traits sont tirés et les postures sans énergie. Désemparée, ne sachant comment finir cette journée, mon ventre « se noue », quand me vient un calme profond et à nouveau une évidence : la « gratitude » !

Je les remercie et leurs propose de finir par l’écriture d’un mot de gratitude à chacun des participants. Après quelques réticences et hésitations, chacun se concentre et le changement s’opère petit à petit. Cela finit en échanges enthousiastes, en lecture apaisée, réfléchie et amusée…. GRATITUDE.

La gratitude nous reconnecte au moment présent, à nos sensations. Nous portons notre attention sur ce qui nous fait du bien, sur ce que nous apprécions. La gratitude c’est également ce sentiment de reconnaissance et d’affection envers une personne que je peux lui exprimer. Elle vient répondre à notre désir d’appartenance et de renforcement du lien avec l’autre.

La logique émotionnelle vient éclairer ces différents mouvements et langages des émotions au service de notre élan de vie. Gratitude !

« Vous parlez de biologie. Mais encore? »

Il est des mots qui sont tellement chargés de sens et de représentations variées que leur signification réelle se fond en elles. Leur polysémie, c’est-à-dire le caractère d’un mot qui possède plusieurs contenus, brouille l’écoute de son sens radical.

C’est sans doute ce qui se joue quand nous utilisons, lors de conférences ou de formations, le terme de biologie, mais aussi celui de corps.

Spontanément, la biologie est ainsi assimilée à la physiologie qui étudie les fonctions de chaque organe du corps. Quant à celui-ci, il est assimilé à cet espace sous la tête, sous le cerveau et soi-disant gouverné par lui.

Pourtant, quand nous, praticiens en logique émotionnelle, utilisons ces mots, ceux-ci ouvrent un espace de connaissance radicale, celui des racines qui constituent notre existence. Celui de notre Nature dans laquelle se déploie et s’organise nos Cultures.

Deux majuscules qui invitent à nous émerveiller du processus même de la vie.

Pratiquer la LE, c’est se souvenir à chaque instant de cette réalité qui nous constitue et c’est donc transmettre que nous sommes mus et émus du fait d’être biologique, et non un être biologique ! La biologie décrit, au mieux de nos capacités et de nos moyens techniques, la logique du vivant, le langage de la vie, en soi et dans nos relations avec notre environnement. Elle cherche à décrire les lois de la vie, ces invariants grâce auxquels nous sommes et demeurons en vie. Ce sont ces invariants qui, comme les lettres d’une langue, permettent d’écrire nos façons multiples d’exister, sur le court terme automatique, comme sur le long terme de nos mémoires. Quand tout va bien dans nos vies, ces lois nous plaisent, mais peuvent vite nous déplaire quand se manifestent des douleurs, physiques comme psychiques. Elles n’en demeurent pas moins des lois de la vie.

Quant à l’usage du terme « corps », juste un rappel de bon sens : la tête et son contenu, le cerveau, sont une partie du corps ! Le système nerveux se diffuse jusqu’au petit doigt des pieds. Au point même de ne plus se sentir que « doigt de pied » quand nous avons heurté celui-ci contre un objet plus solide que lui et que nous souffrons atrocement !

La vie répond à des impératifs pour demeurer. Des impératifs bien souvent contre-intuitifs, c’est-à-dire en désaccord avec l’expérience immédiate et intuitive, mêlée de biais cognitifs. Par exemple, nous interprétons ce que nous percevons et éprouvons de l’environnement sans réaliser l’élan vital qui nous anime. C’est toute l’importance des sciences dites dures, celles qui résistent à notre volonté que les choses soient selon ce qui nous arrangerait. 

Nous fondons notre écoute sur ces lois pour restituer le sens vivant de l’expérience.Nous tenons ce discours et faisons de notre mieux pour le transmettre alors que la plupart des personnes souhaiteraient entendre ce qui correspond justement à ce qui les arrangerait.

Mais nous tenons bon, car la liberté et la responsabilité se fondent en premier lieu sur la biologie du vivant avant de constituer des éléments psychiques et culturels.

Ces propos vous intriguent ? Venez nous rejoindre au module « Explorer les émotions avec les neurosciences » du 23 au 25 septembre 22

Institut de Logique Emotionnelle - 9 rue d'Avron 75020 Paris

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